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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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on peut supposer que cette relativité porte plus sur l’effort de conscience que sur l’égalité<br />

soi/autrui, laquelle serait de l’ordre de l’absolu. Par ailleurs cet extrait montre l’importance<br />

donnée au processus analytique mené par le moi poématique sur ce qui l’entoure : s’il<br />

analyse, il le fait par le biais de son intelligence, et donc certainement par l’usage de l’outil<br />

logique. Or son analyse se centre sur une impossibilité logique : l’égalité des contraires, la<br />

réunion d’éléments distincts et incompatibles comme soi et autrui. <strong>Le</strong> <strong>paradoxe</strong> serait dans<br />

cette condition une clé logique ouvrant au processus d’analyse du moi poématique, et par là à<br />

sa propre explication, organisation du monde qui l’entoure 174 .<br />

Cependant, tout comme certaines formules viennent renforcer l’égalité donnée par le<br />

verbe être, l’identité entre les deux éléments de l’association peut être donnée par des mots ou<br />

des groupes de mots qui ne contiennent pas de verbes. Nous en trouvons un exemple dans la<br />

deuxième partie du poème Monólogo de Peter Pan :<br />

En él asumo el sueño del origen,<br />

esa otra forma de la muerte (…) 175<br />

La formule averbale esta otra forma donne l’égalité entre la mort et le rêve de<br />

l’origine. <strong>Le</strong> principal acteur de cette équivalence est l’adjectif otro, alors que le sentiment<br />

d’association entre deux opposés est renforcé par le complément du nom del origen : en effet,<br />

les deux pôles que sont le rêve d’une part et la mort d’autre part ne nourrissent pas de relation<br />

réellement contradictoire, mais l’ajout du terme origen qui provient du paradigme contraire à<br />

celui de la mort, provoque le sentiment paradoxal.<br />

Un autre type d’adjectifs peut servir à créer des associations, il s’agit de ceux dont le<br />

sémantisme indique une égalité :<br />

idénticos tú y yo bajo la luna llena y el sol blanco de junio<br />

un sol inmóvil con las alas abiertas 176<br />

174<br />

Nous étudions plus en détail le point de vue exprimé par la voix poématique sur le problème du <strong>paradoxe</strong><br />

dans le début de la conclusion. Il convient néanmoins de nuancer ces propos. En effet, le moi poématique ne se<br />

définit pas principalement par sa capacité analytique, intellectuelle : l’énonciation de <strong>paradoxe</strong>s ne provient pas<br />

la plupart du temps d’une réflexion mais d’un simple constat issu de la perception qu’il a de lui-même et du<br />

monde. Nous en voulons pour preuve l’importance des descriptions et de l’image dans les poèmes talensiens qui<br />

traduisent un point de vue au sens littéral du terme et non réellement une opinion ou un jugement.<br />

175<br />

LA, p. 85.<br />

176<br />

LA, p. 87.<br />

85

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