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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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finalmente ha llegado el momento de hablar por boca<br />

de seres que no conozco y de quienes nada sé 429<br />

L’association de la voix du moi et du non-moi amène ainsi à attribuer aux autres le<br />

même rôle de porte-parole, mais dans le sens inverse : ce sont eux qui à leur tour vont porter<br />

et assumer la voix qui était à l’origine celle d’un moi individuel. Nous retrouvons ici la<br />

notion de fragmentation d’une voix générale éclatée entre tous les porte-paroles : chaque<br />

individualité est une voix singulière et peut-être d’apparence différente, mais la nature en<br />

reste continuellement une et identique.<br />

Dès lors, si la voix est l’élément commun qui relie les individualités rattachées au<br />

corps, elle devient ainsi ce qui passe de corps en corps. Nous avons effectivement vu que le<br />

moi talensien pouvait non seulement se passer de son enveloppe physique, mais aussi<br />

transmigrer dans celle des autres. La parole commune est alors ce qui transmigre :<br />

Pretendo que mi aliento sobreviva en su aliento 430<br />

La voix serait ainsi ce qui se perpétue, ce qui reste quand le corps et le moi sont<br />

rejetés en dehors de la sphère identitaire. Elle serait par conséquent ce qui constitue l’élément<br />

principal de l’identité. Il reste néanmoins un écueil important : si cette voix ne se trouve qu’à<br />

travers des fragments (une individualité, ou au mieux une première personne du pluriel), sa<br />

nature première n’est accessible que dans la globalité, la réunion de tous les fragments. En ce<br />

sens elle n’est pas réductible à une identité, mais à un croisement d’identités. Or, si au sein de<br />

la doxa, le sentiment d’identité demande la singularité pour se différencier des autres, la voix<br />

talensienne conduit au <strong>paradoxe</strong> de la pluralité singulière.<br />

4. <strong>Le</strong> moi en tant que poème<br />

Si l’oralité occupe une place centrale dans la définition de l’identité du moi, ce n’est<br />

pas pour autant que la parole écrite lui est étrangère. Bien au contraire, la poésie est aussi en<br />

essence une écriture qui prend place dans un texte. <strong>Le</strong> poème est alors le seul véritable corps<br />

physique de la poésie, son seul représentant tangible. Ce point fondamental n’est pas mis de<br />

côté dans la production de Jenaro Talens puisqu’il reconnaît tout à fait explicitement les<br />

429 CS, p. 213.<br />

430 CS, p. 145.<br />

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