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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Y sin embargo en el oeste, pese a la aparente oscuridad (la blancura<br />

que todo lo recubre) (…) 121<br />

Cet extrait de la deuxième partie du long poème Los martín-pescadores renvoie en<br />

bout de vers le mot blancura et provoque de ce fait une confrontation physique forcée avec<br />

son contraire oscuridad. Il y a là effectivement un rapprochement forcé des deux termes que<br />

le lecteur perçoit par l’enjambement abrupt qui perturbe le rythme du vers et détruit<br />

l’hendécasyllabe que construisait la parenthèse. Cette réunion provoque alors une sorte de<br />

sentiment anti-naturel <strong>chez</strong> le lecteur, tout comme serait anti-naturel de concilier l’obscurité et<br />

la blancheur 122 . Cependant, au-delà du contexte rythmique, rien n’indique explicitement si la<br />

relation d’opposition contenue dans le sémantisme des deux termes est respectée ou non : le<br />

rapprochement physique des deux mots n’indique rien dans l’absolu. Charge alors au lecteur<br />

d’établir quel type de relation il y aurait, d’interpréter ce contact à partir de sa propre lecture<br />

nourrie par le contexte du poème et par sa propre culture personnelle.<br />

Un deuxième exemple issu du dernier poème de Víspera de la destrucción met en<br />

lumière avec netteté l’importance du contexte dans l’interprétation de ce type de<br />

propositions :<br />

Ayer, mañana, hoy. Todo es presente<br />

Para tus ojos. Vives y contemplas. 123<br />

Si le lecteur ne s’en tenait qu’à l’énumération qui ouvre le premier vers, il pourrait<br />

supposer plusieurs types de relations entre les trois moments de la ligne du temps. Mais<br />

immédiatement la suite du vers empêche toute interprétation libre pour indiquer le sens de<br />

cette triple juxtaposition : le temps ne se divise pas en trois moments, il n’est qu’un. Nous<br />

voyons donc avec ces deux exemples d’association que le <strong>paradoxe</strong> se construit avec<br />

l’ensemble des réseaux de sens du poème, qu’ils soient explicites, implicites, langagiers, ou<br />

encore rythmiques 124 .<br />

121<br />

CS, p. 138<br />

122<br />

Ce niveau de relations et de significations n’appartient plus à la grammaire mais est issu de l’entremise du<br />

rythme, de la versification et de la disposition graphique des vers. Nous étudions la création du sentiment<br />

paradoxal au sein de ce système de sens dans la troisième partie.<br />

123<br />

CS, p. 62<br />

124<br />

Sur ces points, voir la troisième partie.<br />

67

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