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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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distinguer un début et une fin, alors la mort n’existe pas. Dans cet exemple ainsi la vision<br />

habituelle de la mort du jour est substituée par l’hypothèse d’un retour, donc d’une inversion<br />

du sens de la ligne du temps 336 , vers une autre lumière.<br />

2.5. L’instant<br />

Déposséder le temps du passé et du futur par le jeu de la superposition ou de<br />

l’association revient ainsi à déposséder le temps de ce qui le constitue, c’est-à-dire de la<br />

durée. <strong>Le</strong> temps doxique, mental en vient à disparaître pour ne laisser place qu’à l’instant, qui<br />

est en soi intemporel. Cette différenciation entre instant et durée est importante pour<br />

concevoir la césure entre le temps du présent, le moment, et le temps pensé organisé autour<br />

du passé et du futur. Deux philosophes particulièrement abordent ces points : Saint Augustin<br />

puis Bergson. <strong>Le</strong> premier construit sa réflexion sur le temps en démontrant que la division<br />

habituelle en trois époques, passé, présent et futur, est une absurdité en tant que telle. En<br />

effet, si le passé n’existe plus par définition, tout comme le futur n’existe pas encore, le<br />

présent pour sa part ne peut être reconnu puisque « s’il était toujours présent sans passer au<br />

passé, il ne serait plus le temps mais l’éternité. » 337 . Ceci amène alors Saint Augustin à<br />

conclure que :<br />

« Il est dès lors évident et clair que ni l’avenir ni le passé ne sont<br />

et qu’il est impropre de dire : il y a trois temps, le passé, le présent,<br />

l’avenir, mais qu’il serait exact de dire : il y a trois temps, un présent au<br />

sujet du passé, un présent au sujet du présent, un présent au sujet de<br />

l’avenir. Il y a en effet dans l’âme ces trois instances, et je ne les vois pas<br />

ailleurs : un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au<br />

présent, la perception, un présent relatif à l’avenir, l’attente. Si l’on me<br />

permet ces expressions, ce sont bien trois temps que je vois et je conviens<br />

qu’il y en a trois. » 338<br />

Bergson pour sa part étudie l’épineux problème du présent. Selon lui, si d’un point de<br />

vue idéal le présent peut se définir comme un instant mathématique, un pur concept, une<br />

« limite invisible qui séparerait le passé de l’avenir », le présent qu’il qualifie de « réel »,<br />

c’est-à-dire celui que le sujet perçoit par ses sens et non par ses seules idées, ne peut pas être<br />

un point, une frontière mais seulement et « nécessairement une durée ». <strong>Le</strong> problème est<br />

336<br />

C’est-à-dire que le <strong>paradoxe</strong> se fonde ici sur la doxa du temps linéaire. Il faut cependant remarquer que la<br />

conception cyclique du temps est aussi une vision très commune à la base d’une autre doxa.<br />

337<br />

Saint Augustin, j, Livre XI, chap. 14, Flammarion, Paris, 2004.<br />

338<br />

Ibid., chap. 20.<br />

154

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