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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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1.2. <strong>Le</strong>s associations liées au moi<br />

Dans une perspective doxique, le moi bien que séparé du toi et du lui (donc de l’autre<br />

et du monde) n’en tisse pas moins d’étroites et continues relations avec ce qui n’est pas lui-<br />

même. Cependant dès que ces rapports ne les considèrent plus comme séparés l’un de l’autre,<br />

les frontières fixées par la doxa ne sont plus respectées et nous entrons dans le champ du<br />

para-doxa. C’est ainsi que dans l’œuvre talensienne nous trouvons de nombreux <strong>paradoxe</strong>s<br />

réunissant dans un même temps et un même sujet aussi bien le moi et le toi que le moi et le<br />

lui 385 . Certains poèmes vont même jusqu’à regrouper les trois personnes au sein du sujet.<br />

1.2.1. L'association du moi et du toi<br />

L’identité du moi et du toi au sein d’un même sujet est explicitement exprimée à<br />

plusieurs reprises et notamment dans les vers qui ouvrent le poème Paradís :<br />

eres yo mismo<br />

estoy lleno de ti como la tierra<br />

lo está de un río mudo<br />

irremisible 386<br />

Là encore l’emploi du verbe ser vient affirmer l’identité absolue entre les deux entités<br />

a priori séparées par la doxa, identité renforcée par l’usage de estar qui traduit la présence<br />

dans le même temps du moi et du toi dans le corps.<br />

385 L’inséparabilité du moi et du toi a largement été démontré en philosophie. Nous pensons particulièrement à<br />

Merleau-Ponty et à Deleuze. <strong>Le</strong> premier dans La phénoménologie de la perception part du principe qu’autrui<br />

n’est jamais absent : « « Même la méditation universelle qui retranche le philosophe de sa nation, de ses amitiés,<br />

de ses partis pris, de son être empirique, en un mot du monde, et qui semble le laisser absolument seul, est en<br />

réalité acte, parole, et par conséquent dialogue. <strong>Le</strong> solipsisme ne serait rigoureusement vrai que de quelqu’un qui<br />

réussirait à constater tacitement son existence sans être rien et sans rien faire, ce qui est bien impossible,<br />

puisqu’exister c’est être au monde. Dans sa retraite réflexive, le philosophe ne peut manquer d’entraîner les<br />

autres, parce que, dans l’obscurité du monde, il a appris pour toujours à les traiter comme consortes, et que toute<br />

sa science est bâtie sur cette donnée de l’opinion. La subjectivité transcendantale est une subjectivité révélée,<br />

savoir à elle-même et à autrui, et à ce titre elle est une intersubjectivité. » Merleau-Ponty, Maurice, La<br />

phénoménologie de la perception, Gallimard, Paris, 2001. Deleuze de son côté voit dans l’autre l’élément qui<br />

permet de structurer l’ensemble du champ perceptif. En effet, dans son livre sur Vendredi ou les limbes du<br />

Pacifique de Michel Tournier (roman qui aborde de la relation entre sujet et autrui dans la construction de<br />

l’identité), Deleuze affirme qu’ «autrui n’est ni un objet dans le champ de ma perception, ni un sujet qui me<br />

perçoit : c’est d’abord une structure du champ perceptif, sans laquelle ce champ dans son ensemble ne<br />

fonctionnerait pas comme il le fait », in « Michel Tournier et le monde sans autrui », La logique des sens,<br />

Editions de Minuit, Paris, 1969.<br />

386 LA, p. 284.<br />

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