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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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comparaison finale est paradoxale en ce qu’il semble absurde, impossible de comparer un<br />

paysage perçu dans l’instant à un autre élément que l’on ne connaît pas. Néanmoins, la voix<br />

poématique semble avoir la capacité déroutante d’intégrer dans sa réalité empirique des<br />

événements qu’elle ignore, c’est-à-dire dont elle n’a pas fait l’expérience 308 . La fiction, ce qui<br />

n’est pas connu, ce qui ne peut en rien appartenir au réel selon la doxa est pourtant présent et<br />

existant dans le monde du moi poématique.<br />

5. Conclusion<br />

Dans la poésie talensienne, le monde appréhendé ne sépare plus le réel de son<br />

contraire la fiction. Il y a donc une sorte de réalité supérieure constituée dans un même temps<br />

et dans un même espace aussi bien de l’existence que de l’absence d’existence. Cet état<br />

paradoxal est accessible principalement par le corps à travers la perception, mais aussi par le<br />

biais de la relation charnelle. Cependant, les poèmes définissent aussi un état qui n’appartient<br />

définitivement pas au réel, le langage. En effet, le langage en est exclu puisqu’il n’appartient<br />

pas à l’instant présent, et que de plus il impose une norme fixe dans laquelle le réel ne peut<br />

contenir.<br />

Ce rejet du langage peut revêtir un aspect tout à fait paradoxal dans une œuvre<br />

poétique. En effet, ici tout est langage, discours, mots : le poème, la voix, les sujets ne sont<br />

que des éléments inscrits dans un discours et ne doivent leur existence qu’au langage. Cela<br />

reviendrait alors à rejeter tout ce discours dans le faux, dans un monde qui n’est pas le réel.<br />

Malgré l’effort de récupération de réel fourni par la parole poétique énoncé dans les poèmes,<br />

l’ambiguïté persiste : si la poésie crée sa propre réalité langagière, celle-ci n’en est pas moins<br />

instable, difficilement saisissable et ne s’instaure pas comme une solution, ni comme un<br />

système explicatif. Au contraire, elle s’exprimera volontiers par le doute, la confusion, ou le<br />

<strong>paradoxe</strong>. <strong>Le</strong> réel des poèmes n’est pas celui de la doxa, mais il ne pourra se définir que dans<br />

le mouvement incessant qu’implique le <strong>paradoxe</strong>, c’est-à-dire que ce réel reste toujours à<br />

redécouvrir : tout comme la doxa vise à fixer un réel stable, le langage fige le réel au sein<br />

d’un discours. A l’inverse, le <strong>paradoxe</strong> oblige à un mouvement réflexif, interdit la fixité et<br />

rejoint dans cette perspective l’acte de lecture qui est l’actualisation dans le présent du lecteur<br />

308 Cet aspect renvoie aux <strong>paradoxe</strong>s du moi poématique : en effet une de ses caractéristiques essentielles étant<br />

l’éclatement, un des ses <strong>paradoxe</strong>s peut consister à retrouver dans la voix des éléments tels que des souvenirs ou<br />

des expériences qui ne lui sont pas propres. Sur ce point, voir le chapitre consacré aux <strong>paradoxe</strong>s du moi.<br />

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