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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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effet être déterminée par un début et une fin, ni par une naissance et une mort. Dès lors,<br />

opposer le jour à la nuit devient une posture impossible à tenir, ce qui donne lieu au <strong>paradoxe</strong><br />

de cet extrait de Atardecer desde el desván :<br />

La mano sobre el libro, desvelada ; recorre<br />

lu luminosidad, y se detiene<br />

sobre un tiempo dormido<br />

tras de los ojos. Siente que le alcanza<br />

la eterna noche de la luz. (…) 345<br />

La lumière paradoxale, c’est-à-dire celle qui ne rejette pas l’obscurité, est alors le<br />

propre de l’instant qui dépasse le passé et le futur. Si l’instant est du domaine de la sensation,<br />

il est effectivement naturel de retrouver des <strong>paradoxe</strong>s liés aux sens associés à des <strong>paradoxe</strong>s<br />

liés au temps. Il est en outre frappant de voir que l’espace paradoxal n’est plus en soit un<br />

espace mais une lumière, notion que nous retrouvons un peu plus loin.<br />

2.6. Temps réel et temps fictif<br />

La distinction entre l’instant, qui serait le temps de la sensation, et la mémoire qui<br />

serait le temps du langage et de l’analyse reste parfois ambiguë dans les poèmes. En effet, le<br />

mot tiempo peut venir définir l’une ou l’autre notion. Cependant, il sera alors décrit de façon<br />

très différente : alors que l’instant se verra établi dans le paradigme de la sensation, et donc<br />

<strong>chez</strong> Jenaro Talens dans le domaine du réel, la durée pour sa part sera à associer à l’histoire,<br />

et donc à la fiction 346 .<br />

345 CS, p. 57.<br />

346 Nous avons présenté dans le chapitre sur le réel la perte que supposait la mémoire et le langage : la recréation<br />

mentale d’une sensation revient à abandonner cette sensation immédiate pour la rejeter dans le domaine discursif<br />

du langage. Nous avons vu alors que le langage ne peut véritablement accéder au réel, et que par conséquent tout<br />

ce qui lui est lié appartient à la fiction. Il en ressort que l’histoire, c’est-à-dire le temps mental articulé autour du<br />

passé et du futur, n’est pas réelle. Par ailleurs, un certain parallèle peut se faire avec la pensée de Benvéniste<br />

<strong>chez</strong> qui la notion de temps par rapport au langage est un point fondamental. En effet, la description de<br />

fonctionnement des temps grammaticaux n’est que la conséquence d’une défintion particulière du temps par<br />

rapport au langage. La première remarque que fait le linguiste est de constater que le « terme de temps recouvre<br />

des représentations très différentes » (Problèmes de linguistique générale II, BENVENISTE, Emile, Gallimard,<br />

Paris, 1974, p. 69) ; la seconde met en lumière « une autre confusion qui consiste à penser que le système<br />

temporel d’une langue reproduit la nature du temps « objectif », si forte est la propension à voir dans la langue<br />

le calque de la réalité » (Ibid, p. 69). Il distingue alors trois niveaux de temps séparés : d’abord « le temps<br />

physique du monde [qui est] un continu uniforme, infini, linéaire, segmentable à volonté. Il a pour corrélat dans<br />

l’homme une durée infiniment variable que chaque individu mesure au gré de ses émotions et au rythme de sa<br />

vie intérieure. » (Ibid, p. 70) ; ensuite « le temps chronique qui est le temps des événements, qui englobe aussi<br />

notre propre vie en tant que suite d’événements » (Ibid, p. 70) ; enfin le temps linguistique qui est un niveau<br />

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