24.06.2013 Views

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

lui-même ; c’est une faculté qui lui permet un jugement du monde et de lui-même, le menant<br />

à la possibilité du libre arbitre. D’autre part, il ne peut se former à la pensée qu’au sein et à<br />

partir d’une société, d’une idéologie, d’une langue qui lui fournit les premiers enseignements<br />

permettant par la suite de penser de manière plus autonome. Mais où s’arrête cette influence<br />

idéologique ? <strong>Le</strong> sujet peut s’éloigner de ce que lui enseigne la société, mais il ne sera plus<br />

alors dans la norme commune. Il y aura un divorce entre l’individu et la société.<br />

Cela provient principalement de l’opposition entre l’individuel et le commun. La<br />

pensée individuelle suppose l’indépendance, alors que la pensée commune suppose la<br />

dépendance. Mais parler de ‘pensée commune’ est en soi une aberration en ce qu’il est<br />

impossible qu’une société pense à la place du sujet : la pensée n’existe qu’à l’intérieur d’un<br />

sujet. On en arrive alors à l’erreur de prendre les idées en cours dans une société pour une<br />

pensée en tant que telle, à confondre pensée et opinion. On parle alors de pensée commune,<br />

ou de pensée unique, forme despotique d’idéologie qui se substitue à la faculté de penser <strong>chez</strong><br />

l’individu.<br />

Or le <strong>paradoxe</strong> est une pensée qui ne peut entrer dans le moule de l’idéologie en cours<br />

dans la société : le <strong>paradoxe</strong> défie la pensée de l’individu en déclenchant le sentiment<br />

paradoxal, mais défie aussi ce qui dans la société a formé l’individu, tant dans son aspect<br />

noble (les enseignements, l’éducation qui ont permis au sujet d’apprendre à penser par luimême)<br />

que dans son aspect vil : l’opinion. Nous retrouvons alors ici le sens étymologique du<br />

<strong>paradoxe</strong> : ce qui est à côté (para en grec) de l’opinion (doxa en grec). Nous pouvons donc<br />

dire qu’une proposition est un <strong>paradoxe</strong> lorsqu’elle exprime un point de vue qui ne<br />

correspond pas à la doxa, c’est-à-dire lorsque le sentiment paradoxal est provoqué par un<br />

sémantisme qui indique une organisation du monde, une logique des choses qui n’est pas celle<br />

du lecteur.<br />

Par conséquent, les propositions de notre corpus supposant un écart par rapport à la<br />

logique organisatrice du monde acceptée par le plus grand nombre ont été prises en compte.<br />

Car, comme l’indique l’étymologie, le <strong>paradoxe</strong> s’oppose à l’opinion et c’est à l’opinion que<br />

les propositions relevées s’opposent, et non à une pensée philosophique aboutie.<br />

Un exemple clair de <strong>paradoxe</strong> étymologique est ce vers extrait d’ Ars poética :<br />

42 CS, p. 141.<br />

Los cuerpos que transmigro incoloran mi piel 42<br />

25

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!