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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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s’adressant à autre chose qui se transforme en un toi 389 . C’est pourquoi la dernière partie de<br />

Cinco maneras de acabar agosto commence par ce <strong>paradoxe</strong> de la présence / absence :<br />

Reconocerme o comprender,<br />

24 de agosto, y estoy solo.<br />

Preciso, sin embargo, alguien conmigo, aquí,<br />

a mi lado, diciéndolo, estás solo. 390<br />

Afin de savoir que le moi est seul, il faut bien qu’une autre personne puisse avoir le<br />

recul, c’est-à-dire être séparée, pour l’observer et l’énoncer. Il y a donc l’absence de la<br />

solitude physique dans laquelle est plongée la voix poématique, et dans le même temps la<br />

présence liée à l’éclatement entre moi et toi au sein du sujet qu’implique la conscience de soi.<br />

Enfin parmi les types de relations identitaires entre le moi et le toi faut-il considérer la<br />

relation amoureuse, charnelle. Nous avons déjà remarqué que le corps par l’acte amoureux<br />

pouvait être le socle du réel 391 et que, par ailleurs, le désir était un des moteurs principaux de<br />

l’écriture poétique talensienne. Nous retrouvons là l’un des topiques de la poésie amoureuse :<br />

l’ambivalence des deux amants et de leur traduction grammaticale (moi et toi), même si avec<br />

Jenaro Talens, les schémas traditionnels ne sont jamais respectés 392 .<br />

389 La connaissance de soi et le mouvement autoréférentiel impliquant dans un même individu la séparation<br />

sujet/objet a particulièrement été étudiée par Fichte (voir Doctrine de la science, PUF, Paris, 2005). Il la présente<br />

à travers l’image classique du philosophe regardant sa propre image dans un miroir. La conclusion de cette<br />

attitude est que le moi que le philosophe peut connaître est alors un moi perçu, une image. Or, qui est finalement<br />

celui qui est derrière l’image ? A la différence de Lacan, ce moi essentiel ne dépend pas des autres, mais de<br />

l’individu seul. En effet, pour Fichte, il y a un moi qui est une donnée première, un moi pré-réflexif. Mais ceci<br />

implique alors que « le moi est nécessairement identité du sujet et de l’objet : sujet-objet ; et il est tel absolument<br />

sans autre médiation ». Cependant, le problème est que si le moi part d’une identité absolue tautologique, il faut<br />

abandonner cet état pour construire un savoir qui ne peut se constituer qu’à partir de l’opposition, de la négation<br />

face à l’identification. Par conséquent, le moi pour se reconnaître et se connaître doit donner une réalité au nonmoi,<br />

ce qui implique une perte de sa réalité absolue initiale. Se crée ainsi une dichotomie entre le moi préréflexif<br />

absolu et la conscience du moi. Fichte tente de résoudre ce <strong>paradoxe</strong> de la conscience de soi par ce qu’il<br />

nomme « l’intuition intellectuelle », c’est-à-dire un mouvement de la pensée à mi chemin entre la connaissance<br />

(l’image du moi vu dans le miroir) et l’intuition kantienne (le moi pré-réflexif). Nous revenons sur l’image du<br />

miroir <strong>chez</strong> Jenaro Talens un peu plus loin.<br />

390 LA, p. 69.<br />

391 Voir le chapitre sur le corps et le réel dans cette partie.<br />

392 Mercedes Arriaga Flórez ne manque pas de le remarquer : « la pareja en Talens es siempre un menage à trois,<br />

él, ella, y la voz que los va contando que no coincide ni con la de él ni con la de ella. (…) El caso es que en sus<br />

poemas de amor, no existe una frontera clara entre las subjetividades, no existe como en la poesía amorosa<br />

tradicional un sujeto y un objeto de amor (…) sino un cruce de subjetividades y de voces. […] Abolir la jerarquía<br />

de poder dentro de la pareja conlleva importantes cambios en la estructura tradicional de lo amoroso : los<br />

amantes son intercambiables », « De vacíos y plenitud. Del amar en Jenaro Talens », in Mi oficio es la extrañeza,<br />

FERNANDEZ SERRATO (ed.), Madrid, Biblioteca Nueva, 2007, pp. 279 & 282.<br />

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