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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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<strong>Le</strong> fait d’abord que la fragmentation annule l’individualité et l’altérité (un corps<br />

équivaut à tous les corps, et tous les corps contiennent la même nature, donc ne font qu’un),<br />

et qu’ensuite le moi puisse se passer de son corps a pour conséquence directe le <strong>paradoxe</strong><br />

énoncé au deuxième vers d’Ars Poética :<br />

Los cuerpos que transmigro incoloran mi piel. 411<br />

Quitter son corps pour en emprunter un autre est une affirmation paradoxale, qui au<br />

regard de la doxa ne peut qu’appartenir au monde de la science fiction. Cela constitue un<br />

<strong>paradoxe</strong> en ce que la transmigration de corps en corps d’un sujet est très difficilement<br />

concevable par l’esprit commun 412 . Par ailleurs ne plus s’attacher à un seul corps semble<br />

provoquer un effacement de l’identité : la perte des couleurs revient à ne plus avoir les<br />

caractéristiques qui lui étaient propres. <strong>Le</strong> moi se vide de son identité par cet enchaînement<br />

de corps et devient par là même un sujet vide.<br />

2.1.4. <strong>Le</strong> corps ou le lieu de l’existence<br />

Que le corps doxique soit rejeté au profit d’un corps paradoxal basé sur sa distinction<br />

d’avec le moi et sur sa nature fragmentaire amène à une perte d’identité du sujet. Mais audelà<br />

la perte de repère qu’il instaure, le corps reste néanmoins un point d’ancrage<br />

fondamental dans le monde : le sentiment d’existence et l’accès au monde ne peuvent passer<br />

que par lui. La voix poématique ne s’y trompe pas et l’affirme sans ambages dans Salmo<br />

Dominical :<br />

pero yo soy también mi cuerpo y existo porque mi cuerpo existe 413<br />

Face à la disparition du moi, et à la perte d’identité, le corps permet d’éviter le<br />

sentiment nihiliste d’inexistence. Il est un constat intangible et la condition sine qua non de<br />

l’être, et en tant que tel n’appartient qu’au seul moment présent. Cette nature présente le relie<br />

411 CS, p. 141.<br />

412 D’autant plus si cette transmigration se fait pendant la vie d’un sujet. Elle peut être en revanche assumée au<br />

moment de la mort, puisque c’est le moment défini comme la séparation entre le corps éthéré et le corps<br />

physique : le sentiment d’abandon est alors concevable, tout comme le passage de l’esprit, ou de l’âme suivant<br />

les cultures, puisque c’est un corps éthéré immatériel. Mais nous sommes alors dans le domaine de la croyance<br />

ou de la foi religieuse.<br />

413 CS, p. 214.<br />

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