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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Comme il est dit dans d’autres poèmes, les yeux sont aveugles. En revanche ils<br />

peuvent non seulement toucher (ce qui est un <strong>paradoxe</strong> en soi), mais en plus ils peuvent<br />

caresser l’impalpable : en cela les yeux du poème sont des mains qui accèdent à des objets<br />

inaccessibles 220 .<br />

c. La vue et l’ouïe<br />

Enfin le dernier type d’association double relie les deux sens principaux des<br />

<strong>paradoxe</strong>s relevés : la vue et l’ouïe. Parmi les nombreux exemples citons ces vers extraits de<br />

la deuxième partie de Aqualung :<br />

Así como persiste el sonido de la orquesta más allá<br />

de la orquesta y su invisible percepción<br />

por invisibles ojos que no escuchan 221<br />

Non seulement nous retrouvons ici le <strong>paradoxe</strong> qui sépare l’événement de la<br />

perception de celui-ci (l’orchestre et la conscience interne de la musique <strong>chez</strong> l’auditeur<br />

décalée dans le temps), mais nous voyons surtout la confusion totale entre le son et la vue par<br />

la définition qui est faite des yeux : loin d’être l’organe de la vue, il est celui de l’ouïe. A cela<br />

il faut encore rajouter l’usage répété de l’adjectif invisible qui fait office de redondance<br />

paradoxale : comment percevoir quelque chose d’invisible par un organe lui-même<br />

invisible ? D’autant plus que, dans le cadre de la doxa, l’invisible est à rapprocher de ce qui<br />

n’existe pas. 222<br />

Si les organes de la perception provoquent la confusion entre les deux sens, nous<br />

pouvons aussi trouver des propositions qui énoncent que le son et le visible sont confondus<br />

de la même façon dans le monde entourant la voix poématique :<br />

(…) del imperio nocturno<br />

donde todo rumor se vuelve transparente 223<br />

220<br />

Ce jeu de l’organe des yeux associé à celui de la main n’est pas sans rappeler la <strong>Le</strong>ttre sur les aveugles à<br />

l’usage de ceux qui voient de Diderot abordée au début de ce chapitre, lorsque l’auteur relate au début de son<br />

texte la visite faite à un aveugle-né et la comparaison entre la perception faite avec les yeux face à celle faite<br />

avec les doigts.<br />

221<br />

CS, p. 113.<br />

222<br />

Voir sur ce point les <strong>paradoxe</strong>s sur le visible et l’invisible, p. 114.<br />

223<br />

LA, p. 207.<br />

112

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