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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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2. <strong>Le</strong> langage commun ou la perte du réel<br />

Si le corps était l’accès à un monde mêlant réel et fiction, le langage en revanche<br />

semble bloquer cette perception directe 283 . Effectivement, les poèmes étudiés affirment à<br />

plusieurs reprises ce processus de perte du réel que provoque le langage 284 . Plus qu’un outil<br />

qui permet d’y accéder comme le veut la doxa, le langage est ici un obstacle à l’appréhension<br />

du réel comme le signale par exemple cette citation de El bosque de los suicidas :<br />

Esa imagen tan sólo, que ahuyente realidad. Construir<br />

sin palabras (las palabras ocultan lo que el silencio<br />

intenta desvelar). 285<br />

Selon la voix poématique, les paroles sont autant de voiles à la perception directe du<br />

réel et font croire de ce fait à une ‘fausse’ réalité qu’il faut bannir 286 . <strong>Le</strong> langage mène alors à<br />

283 Jenaro Talens résume la relation entre le réel et le langage et les écarts que cela suppose dans son entretien<br />

avec Susana Díaz : « he hablado a menudo de la diferencia entre « lo real » y « la realidad » (…). Es cierto que<br />

lo que conocemos como « realidad » es impensable fuera de los dispositivos que nos permiten pensar, es decir,<br />

fuera de su formulación verbal ; sin embargo hay cosas que sentimos y experienciamos (…) antes de saber cómo<br />

demonios verbalizarlas. No me refiero sólo a las experiencias físicas (…) sino a muchas otras cosas que pasan y<br />

existen. (...) Cuando digo que hay cosas que « experienciamos » antes de « verbalizarlas », no digo que esas<br />

cosas no sean lenguaje, sino que no son un lenguaje verbal, y esa distinción, semióticamente hablando, es<br />

importante. Todo es lenguaje (en términos semióticos), pero el modelo primario para establecer las relaciones<br />

sistémicas proviene del lenguaje verbal (...), de ahí que las experiencias sean diferentes (en cuanto pensadas y<br />

entendidas) según se parta de un modelo u otro. (…) Siempre he utilizado la noción de « real » en un sentido<br />

psicoanalítico, como aquello que no tiene acceso al lenguaje, ese « no sé qué que queda balbuciendo » y que, por<br />

tanto, no se puede nombrar. » Negociaciones para una poética dialógica, Madrid, Biblioteca Nueva, 2002, pp.<br />

96-97.<br />

284 Nous trouvons le même type de réfutation de l’existence objective du monde <strong>chez</strong> un psychiatre américain<br />

contemporain, Paul Watzlawick. Pour ce professeur spécialiste de psychiatrie à l’université de Stanford et chef<br />

de file de l’école de Palo-Alto qui fait la promotion de ce qu’ils nomment la nouvelle communication, le réel<br />

n’est que la résultante de l’interprétation de ce que nous percevons et de ce qui nous est donné à connaître par le<br />

discours d’autrui. En cela, la réalité se construit par et à travers la communication, ce qui revient à dire que ce<br />

n’est qu’un ensemble de compromis et d’aveuglements réciproques à travers quoi passe l’information. Dans<br />

plusieurs essais, dont notamment La réalité de la réalité, il démonte les multiples réalités admises par la doxa en<br />

n’y voyant que l’intéraction des projections de chaque individu. Dans cette perspective, le réel est intimement lié<br />

au langage, ce qui n’est pas sans intérêt au sein d’une analyse portant sur un sujet entièrement langagier tel que<br />

la voix poématique. Voir WATZLAWICK, Paul, La réalité de la réalité : confusion, désinformation,<br />

communication, Seuil, Points Essais, 1984 ; mais aussi du même auteur L’invention de la réalité, Seuil, Points<br />

Essais, 1985.<br />

285 CS, p. 152.<br />

286 Cette fonction coercitive et réductrice du langage qu’il faut rejeter puisqu’elle masque le réel est largement<br />

commentée par la critique. Nous en voulons pour exemple le résumé qu’en fait José Luis Ángeles : « Hasta<br />

ahora, la experiencia enseña que suele hacerse en aras de conceptos como naturalidad, verosimilitud,<br />

espontaneidad o incluso sentido común. Son conceptos destinados, pues, a ocultar la diferencia entre la realidad<br />

y el discurso sobre la realidad, transponible en términos de praxis y pensamiento, cuyo desajuste es,<br />

precisamente, lo que se entiende por alienación. », « La poesía en marcha (hacia la desalienación). Algunas<br />

claves de lectura a la producción de Jenaro Talens », in Mi oficio es la extrañeza, FERNANDEZ SERRATO<br />

(ed.), Madrid, Biblioteca Nueva, 2007, p. 22. Remarquons par ailleurs l’allusion faite au « sentido común » qui<br />

renvoie directement au cœur de notre sujet, à savoir : la poésie talensienne comme discours para-doxal.<br />

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