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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Pour leur part, les propositions dont les pôles sont en position anaphorique proposent<br />

les mêmes fonctionnements. Nous pouvons ainsi trouver principalement des associations entre<br />

les paradigmes du début et de la fin (« la mort où tout repose c’est le but le zéro / le<br />

recommencement double corps où je flotte » 522 ) ; de la lumière et de l’obscurité (« Tú,<br />

oscuridad de la que yo desciendo, / ilumíname ahora en la penumbra » 523 ) ; ou encore du moi<br />

face au toi :<br />

eres yo mismo<br />

estoy lleno de ti como la tierra<br />

lo está de un río mudo<br />

irremisible 524<br />

Remarquons que dans ces vers d’ouverture de Paradís, la superposition du moi et du<br />

toi va de pair avec la superposition de ser et de estar. Ceci implique que l’identité entre les<br />

deux personnes est valide tant d’un point de vue de l’essence que de l’état : le toi n’est pas<br />

qu’un sujet extérieur servant de miroir au moi, et permettant de ce fait son existence et sa<br />

reconnaissance. Ils partagent une essence commune, une nature fondamentale indifférenciée.<br />

Toutefois, si les pôles des propositions paradoxales sont régulièrement placés à la fin<br />

des vers en position cataphorique, la figure inverse de l’anaphore est pour sa part beaucoup<br />

moins courante. Nous retrouvons encore une fois l’importance de la position finale <strong>chez</strong><br />

Jenaro Talens où, dans le cadre du <strong>paradoxe</strong>, tout fonctionne comme si la voix poématique<br />

constatait d’abord un état (du monde l’environnant, de lui-même ou de l’autre, etc.) et que<br />

cette vision contenait elle-même une nature paradoxale, source d’un sentiment d’étrangeté, de<br />

désarroi. La présence finale du <strong>paradoxe</strong> si majoritaire pourrait alors signifier ce processus de<br />

perception d’abord, puis de sentiment paradoxal. Dans cette perspective, la poésie talensienne<br />

ne part pas d’une théorie préalable basée sur le <strong>paradoxe</strong>, mais au contraire d’une<br />

appréhension qui subit la nature paradoxale de sa propre nature.<br />

4.4. <strong>Le</strong> cas des enjambements<br />

La figure de l’enjambement par sa nature englobe plusieurs effets de spatialisation, et<br />

par là multiplie les possibilités de création de sens. Cela en fait un outil poétique très<br />

522 CS, p. 117.<br />

523 LA, p. 119.<br />

524 LA, p. 284.<br />

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