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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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un rapprochement plus fort avec le contexte qu’avec une autre expression de lui-même, ce qui<br />

est en soi relativement paradoxal 621 .<br />

Un deuxième exemple d’inclusion phonique montre les relations plus complexes que<br />

peut établir l’énonciation paradoxale au sein des poèmes. Il s’agit de ces vers extraits de<br />

Pensamiento de algo 622 :<br />

pasos en sombra, no soy yo, caminan<br />

de muro a muro y vuelta a comenzar,<br />

miro mis ojos suyos y sus ojos<br />

míos, su voz saliendo de mi boca,<br />

del exterior de un interior no mío,<br />

dice, de nuevo el muro, y abre la ventana<br />

sobre otro muro desde donde<br />

quién.<br />

Ces huit vers qui ferment le poème commencent par l’expression du <strong>paradoxe</strong><br />

principal talensien, la dissociation essentielle no soy yo, développée ensuite par les<br />

associations des yeux, de la voix et de l’intérieur/extérieur. <strong>Le</strong>s effets phoniques ont ici<br />

plusieurs rôles. <strong>Le</strong> premier consiste à séparer et définir chacune des propositions paradoxales :<br />

no soy yo articule une voyelle unique (le [o]) autour du yod pour créer un tout unitaire ; la<br />

deuxième proposition paradoxale, miro mis ojos suyos y sus ojos / míos, reprend les mêmes<br />

éléments phoniques, à savoir le [o] et le yode, mais qui deviennent secondaires car la<br />

formulation du <strong>paradoxe</strong> s’articule principalement autour de la fricative alvéolaire [s] ;<br />

l’association suivante, su voz saliendo de mi boca est plus faible phoniquement mais joue tout<br />

de même sur la parenté entre voz et boca, les deux termes essentiels de la proposition<br />

commencent en effet par le même groupe [bo] accentué ; enfin la dernière proposition<br />

paradoxale n’utilise plus le début de mot mais la fin puisque c’est les deux termes se<br />

différencient par la première partie : interior / exterior.<br />

Nous pouvons d’abord remarquer qu’outre l’unité que donne l’effet de son à chacune<br />

des propositions paradoxales, la sonorité permet aussi de les relier entre elles à travers une<br />

sorte de glissement phonique que Jakobson appelle chaîne paronomastique : l’écho du [o] et<br />

du yod de la première proposition se retrouve dans le <strong>paradoxe</strong> suivant, le quel est lié avec la<br />

621 Remarquons dans le même temps que cet effet phonique d’inclusion de el silencio se escucha provoque dans<br />

le même temps un effet d’exclusion avec l’autre proposition paradoxale, el mudo dialogar, qui est ainsi<br />

clairement mis en relief dans le texte.<br />

622 LA, p. 55.<br />

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