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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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Or si le moi n’est pas une entité fixe, solide comme nous el disions précédemment,<br />

c’est en toute cohérence que le toi en partage les mêmes caractéristiques. De ce fait, le toi en<br />

tant que personne définie est niée : le toi n’existe pas en tant que tel, de la même façon que le<br />

moi est une erreur. C’est pourquoi la troisième partie du poème Monólogo de Peter Pan<br />

affirme :<br />

idénticos tú y yo bajo la luna llena y el sol blanco de junio<br />

/…/<br />

Sé que estás y no estás.<br />

Hay alguien dentro, pero no eres tú. 387<br />

Après avoir affirmé l’identité entre les deux personnes dans un vers qui les place dans<br />

un temps paradoxal où la nuit et le jour sont concomitants, le poème continue en définissant<br />

la présence du toi par un <strong>paradoxe</strong> (estás y no estás) issu de la dissociation originale du toi<br />

(no eres tú). <strong>Le</strong> <strong>paradoxe</strong> de l’absence / présence ainsi que la dissociation du toi sont<br />

certainement à relier dans la poésie de Jenaro Talens au décalage entre le réel (la personne) et<br />

sa traduction langagière qui est une reproduction mentale liée à la mémoire (le toi conceptuel<br />

et grammatical, l’image, le souvenir).<br />

Que le toi soit présent au sein du moi par l’inexistence absolue des personnes ou par<br />

la perte de réel liée à la mémoire (le toi externe qui est peut-être séparé dans le monde n’est<br />

accessible que par son image mentale et sa traduction langagière au sein du moi), le toi et<br />

moi sont aussi présentés comme inséparables par la conscience qu’il existe une<br />

interdépendance fondamentale entre eux. En effet, tout acte de connaissance ou de<br />

conscience de soi implique nécessairement la création d’un sujet observant un objet 388 . Il y a<br />

donc dans le moi un sujet et objet créé par autoréférentialité. Dans la mesure où la conscience<br />

connaissante est langagière (d’autant plus que nous sommes ici dans un monde composé de<br />

mots), le sujet et l’objet prennent la forme de personnes grammaticales s’inscrivant souvent<br />

dans un dialogue. Avoir conscience de sa situation revient donc à se scinder en un je<br />

387 LA, p. 87.<br />

388 Víctor M. Silva Echeto et Rodrigo Browne Sartori résume la relation interdépendante du moi et du toi à l’aide<br />

de Deleuze et de Benveniste : « J. T. juega con la contradicción de apropiarse, en primera persona de su discurso,<br />

utilizando designadores como mí y yo que, a su vez, pueden considerarse como nombres propios que, en<br />

palabras de Deleuze, tienen una importancia especial al formar singularidades materiales. Luego, en el mismo<br />

poema, se vacían estos designadores (indicadores para Benveniste), clausurándolos y virtualizándolos », « En<br />

torno a la poética de Jenaro Talens : una escritura nómada y rizomática », in Espéculo, Madrid, Univ.<br />

Complutense, n° 21, 2002.<br />

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