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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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4.2. Outils syntaxiques menant à une dissociation<br />

4.2.1. Nature des pôles<br />

<strong>Le</strong>s procédés qui mènent à des contradictions ou à des absurdités partent donc de deux<br />

pôles. D’un point de vue grammatical, nous avons constaté que ces pôles dans les cas des<br />

dissociations pouvaient être des substantifs, des pronoms, des verbes ou encore des<br />

subordonnées entières lorsque sont utilisés des possessifs.<br />

<strong>Le</strong>s cas les plus courants sont les propositions qui mettent en relation des substantifs<br />

ou des verbes. Ainsi une proposition paradoxale peut simplement répéter le même nom<br />

(reflejo (sin reflejo) 126 ), relier un terme avec un synonyme (su finitud no es término de<br />

nada 127 ) ou avec un quelconque substantif de son champ lexical. Il en va de même avec les<br />

verbes qui peuvent être répétés à l’identique (Muere / el día. Pero no muere. 128 ), apparaître<br />

sous deux formes conjuguées différentes (el subterfugio de decirte / con palabras no<br />

dichas 129 ), ou encore être deux mots d’un même axe paradigmatique. Nous trouvons aussi<br />

beaucoup de cas de propositions paradoxales qui mêlent ces deux catégories au sein du<br />

groupe sujet-verbe par exemple (los límites no limitan 130 ), ou bien encore dans une relative (la<br />

/ luz cegadora que no brilla 131 ).<br />

L’usage des pronoms est identique de par sa nature grammaticale puisqu’il reprend les<br />

mêmes fonctions que les substantifs. Nous notons toutefois un type de proposition paradoxale<br />

particulier, tant dans sa formation que dans sa récurrence. Il s’agit de la négation de l’identité<br />

de la voix poématique par elle-même : no soy yo. <strong>Le</strong> pronom personnel sujet étant facultatif<br />

en espagnol, sa présence permet de créer immédiatement les deux pôles de la dissociation<br />

entre le sujet exprimé (yo) et le sujet contenu dans la forme verbale (soy), l’ensemble se<br />

voyant nié paradoxalement par la négation (no). Nous retrouvons cette formulation répétée<br />

quasiment à l’identique par six reprises dans l’anthologie El largo aprendizaje 132 , ce qui<br />

invite à penser que cette négation de l’identité de ce qui construit les poèmes (le moi<br />

poématique) est un <strong>paradoxe</strong> très important dans l’œuvre de Jenaro Talens.<br />

126 CS, p. 13.<br />

127 LA, p. 160.<br />

128 CS, p. 55.<br />

129 LA, p. 111.<br />

130 CS, p. 227.<br />

131 LA, p. 52.<br />

132 Précisément pp. 19, 31, 55, 114, 279, 310. <strong>Le</strong> fait qu’il n’apparaisse pas dans l’autre anthologie est intéressant<br />

en ce que ce <strong>paradoxe</strong> ne se définit aussi clairement qu’après une longue période d’écriture : ce serait donc par<br />

expérience que le moi poématique finit par s’auto-nier. En revanche, son absence dans Cenizas de sentido ne<br />

signifie pas pour autant que ce thème de la définition et du statut de la voix poématique n’est pas abordé. Nous<br />

traitons le <strong>paradoxe</strong> du moi poématique talensien dans la deuxième partie.<br />

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