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UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE Le paradoxe chez ... - e-Sorbonne

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<strong>Le</strong> substantif nombre est d’abord attribué à une troisième personne pour l’être par la<br />

suite à la deuxième puis à la première personne par l’entremise de l’adjectif possessif su, puis<br />

par celles des pronoms possessifs. Cette série de possession entre les trois personnes a pour<br />

conséquence d’effacer les distinctions entre chacune d’entre elles, et la voix n’est plus alors<br />

celle de personne. La première, deuxième et troisième personnes sont ainsi équivalentes (nous<br />

pourrions écrire ABC) dans l’absence d’attribution définie par la voix du poème 156 .<br />

L’usage des pronoms et des possessifs, nous le voyons renvoie encore au complexe<br />

problème du moi poématique talensien. <strong>Le</strong> vers apertural du poème Paradís nous propose un<br />

autre type d’association dont le fonctionnement s’appuie sur une relation contradictoire entre<br />

le verbe et le pronom sujet :<br />

eres yo mismo 157 .<br />

Dans cette proposition très courte, l’association entre le verbe ser et un pronom<br />

personnel dont une des fonctions est d’être sujet peut provoquer un sentiment contradictoire<br />

puisque leur relation d’identité attendue entre le verbe et le pseudo sujet est déçue : loin<br />

d’affirmer une identité tautologique entre une personne et elle-même (du type « soy yo<br />

mismo »), c’est une identité contradictoire entre le moi et le toi qui est affirmée tant par le jeu<br />

du sémantisme que par l’ambiguïté des relations syntaxiques.<br />

Mais il est encore des associations qui n’utilisent que des verbes (Vuelta al zaguán<br />

oscuro donde las palabras (ese difraz impenetrable) también afirman lo que inquieren,<br />

borran 158 ), et d’autres enfin qui s’appuient sur le rôle de l’adjectif :<br />

156 Il demeure toutefois une ambiguïté interprétative : nous pouvons imaginer une situation d’interlocution où<br />

l’on rapporte les paroles de quelqu’un. Dès lors l’identité entre su nombre et el tuyo est tout à fait logique. <strong>Le</strong><br />

pronom mío peut alors être pris comme un autre élément séparé : les deux noms sont dits à la suite. Dans cette<br />

lecture, aucun <strong>paradoxe</strong> ne naît. Nous pouvons cependant en faire une inteprétation paradoxale et établir que les<br />

trois sujets grammaticaux évoqués ici se superposent non seulement à partir de l’indication du vers suivant, mais<br />

aussi à partir des nombreux autres cas de substitution des personnes grammaticales dans la poésie talensienne.<br />

157 LA, p. 284. On retrouve le même jeu de tentative de confusion des personnes grammaticales dans le poème<br />

préliminaire du recueil Sueño del origen y la muerte : par la confrontation de la grammaire, de la ponctuation et<br />

de la versification, une sorte de nouvelle conjugaison n’établit plus les relations habituelles du lecteur :<br />

Digo<br />

yo, digo<br />

tú, dices<br />

yo, dice<br />

tú (…)<br />

LA, p. 63.<br />

158 CS, p. 20.<br />

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