L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

l'image b-ÉDESSE. 101>
les infidèles, qui avait pour unique consolation dans son esclavage
la possession de rimage du Christ, qui voyait en elle son palladium
contre de plus grands malheurs, et, dans l'histoire de cette relique,
Ihistoire même de leur cité. Les Grecs de Byzance n'eurent pas
scrupule de lui prendre cette reli([ue que les barbares eux-mêmes
avaient respectée, de traiter avec ses oppresseurs musulmans, d'arra-
cher à cette ville ce qui était toute son âme, pour ajouter une
nouvelle relique aux milliers de reliques que renfermait Constantino-
ple(l). Les habitants d'Edesse résistèrent vainement: ils employèrent
la ruse, essayèrent de faire passer pour l'image une de ses copies ;
mais on envoya l'évèque de Samosate, grand connaisseur en cette
matière, et, pour plus de sûreté, on se fit livrer avec l'original toutes
les copies, sauf à renvoyer ensuite ces dernières. Les habitants vou-
lurent s'opposer par force à l'emballage du talisman ; mais l'émir
musulman les contint , ceux-ci par la persuasion , ceux-là par la
force a ou par les menaces de mort », d-zû.yJ.i ^zy.y?,:. Un orage qui
éclata au moment du départ et qui parut un signe du ciel, exaspéra
les habitants et une insurrection éclata : l'orateur n'ose dire que les
« menaces de mort » furent mises à exécution, et que l'Image sortit
d'Edesse au milieu de l'effusion du sang chrétien (2).
Pendant tout le voyage d'Edesse à Constantinople, les miracles se
multiplient. Toute l'administration des ^Aèrne*- d'Asie, toute la popula-
tion est en mouvement pour lui rendre hommage. Le Protovesliaire
et les premiers personnages de lEmpire vont la chercher en Asie (3)
et lui font escorte comme à un roi. De toutes les villes sortent au-de-
vant d'elle évêque, clergé et fidèles en procession. Mais rien ne put éga-
ler la splendeur des fêtes qu'on lui donna à Constantinople : stations
de l'image dans les diverses églises de Byzance et dans les divers
édifices du Palais impérial ; processions à travers la ville, les Empe-
reurs à pied avec tout leur Sénat, le Patriarche portant Timage ; tout cet
immense clergé de Constantinople, toute cette foule des évéques de
l'Empire accourus de toutes parts, toute cette masse de population,
pieds nus (4), roulant ses flots par les rues semées de fleurs, ou
(r Corpus inscript, rjrœcarum ; inscr. clirist., p. 323, n° 8695, une curieuse inscrip-
tion sur une cassette du temps de Basile F"", transportée en 1205 à Nassau : rénumération
des reliques qu'elle contenait.
(2) Image d'Edesse, p. 93.
(3) Dans le ilième Optimale, ibid., p. 97.
(4) Luilprand, L-yatto, dans Fisse, p. 347; dans Pertz, p. 349: « Accessit et ad dede-
coris bujus augmeiitum , quod vulgi potiorpars, ad Jaudem ipsius, nudis processerat