L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

LES FIEFS MILITAIRES. 295
IV.
Quant au nombre de ces tenanciers militaires, quant à cet élé-
ment si important de la statistique militaire de TEmpirc, il est à
peu près impossible de l'évaluer. Nous avons pourtant une pré-
cieuse indication de Constantin Porphyrogénète pour le Pélopon-
nèse. 11 nous raconte que sous Piomain Lécapène, tous les militaires
de ce thème se firent exempter à prix d'argent de prendre part à
une expédition. Les plus riches donnèrent cinq nomismata, les plus
pauvres se réunirent à deux pour fournir la même somme. La con-
tribution totale monla à cent litrcB, ou 7200 nomisma (1). Or, si
tous les militaires péloponnésiens avaient été riches, on n'en trou-
verait que 1414 ;
si tous avaient été pauvres, on en trouveratl 2888;
le chiffre réel de ces militaires doit être cherché entre 1444 et
2888. Pour d'autres thèmes- plus peuplés, comme ceux d'x\sie,
on pourrait admettre, d'après certains textes, 4000 y.xcx'/j.ciurjl ou
militaires (2).
V.
C'est ainsi qu à l'époque oii la féodahté s'organisait, sous l'em-
pire de coutumes non écrites dans les contrées barbares de l'Occi-
dent, une institution tout à fait analogue se régularisait en Orient,
sous l'influence des constitutions impériales. Beaucoup de différences
sans doute séparaient au- x^ siècle ces deux féodalités : l'existence
d'une hiérarchie, d'une chaîne de suzerains et de vassaux, carac-
térisait celle de l'Occident ; en Orient, tous les possesseurs de fiefs
étaient soumis directement à un souverain unique. Mais, pour toutes
deux, la qualité de mihtaire était attachée à la possession delà terre ;
chez toutes deux, la base du système était la propriété foncière ;
le but de l'institution, c'était l'organisation d'une force mihtaire.
L'analogie était si grande qu'elle frappa les conquérants du
xni*' siècle. Les barons français trouvèrent en Morée une organisation
semblable à celle qu'ils avaient laissée en Occident ; en bas de
réchelle sociale, des paysans, des serfs, auxquels ils appliquèrent
tout naturellement la dénomination de vilains; de l'autre des nobles
et des militaires, de grands propriétaires et des possesseurs de fiefs,
auxquels ils appliquèrent tout aussi naturellement la dénonu'nation de
(1) Dp .4din. Inip.
(2) Voir notre cliapitrc sur '3 politif[iiP fixlorieure, in pne.