L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

376 CÔNSÏANTLN POHFHYROGËNÈTE.
10,000 hommes suivant Nestor, et 00,000 suivant Léon le Diacre (1).
Au lieu de ces chillres fantastiques de dix ou quinze mille vaisseaux,
de quatre ou cinq cent mille guerriers, il semble qu'en peut adopter
pour l'expédition d'Igor les chiffres plus modérés de Luitprand :
un peu
plus de mille vaisseaux (5), c'est-à-dire environ quarante mille
hommes. L'ambassadeur italien, qui lui donnait ces renseignements,
était un témoin oculaire, tandis que le Continuateur qui, le premier,
donne le chiffre de 10,000 barques et que tous les historiens orien-
taux ont ensuite copié successivement, écrivait postérieurement, sur
des documents officiels, qui avaient intérêt à grossir le chiffre des
bâtiments pour rendre la victoire plus glorieuse. En sa qualité de
Franc, l'évêque de Crémone, s'entendait assez bien aux choses de la
guerre, et mieux qu'un clerc byzantin, pouvait se rendre compte de
la force d'une armée.
Enfin, les plus récents historiens russes, en cherchant les causes
de la défaite si complète éprouvée par Igor, en donnent une explica-
tion fort naturelle, mais qui fait évanouir forcément cette fabuleuse
armée de 500,000 hommes, Igor, au temps de Romain, comme
Sviaioslav, au temps de Zimiscès, n'avait pas cherché à organiser
une grande invasion des peuplades slaves et scythiques, comme celle
que, dit-on, conduisit Oleg. Il pensait que les forces des aventuriers
qu'il tenait à sa solde, ou qu'il faisait entretenir par les villes slaves,
ou qu'il appelait de la Scandinavie, suffiraient pour cette expédition.
Comme il faisait la guerre par amour du butin, par esprit d'aventure
ou dans l'intérêt du connnerce russe, il n'avait pas besoin de pro-
voquer une levée en masse des nations slaves. 11 partit avec sa dru-
(jiiia et les aventuriers disponibles. C'est le petit nombre de ces
guerriers qui aurait compromis le succès de l'expédition (3).
Pourtant le chiffre donné par Luitprand, qui semble le plus probable
en même temps que le plus modéré, nous donne encore un total de
40,000 hommes. C'était ce que Constantinople avait vu de plus for-
midable depuis les invasions duTsar Siméon. M'approche d'Igor, les
Bulgares craignirent pour eux-mêmes : ils avertirent 1 Empereur ('i).
(1) Neslor, a. G479, c. 35. Léo. Diac. V. 2, p. 77. — 11 list vrai (|ue les historiens
posléricurSj Scylitzès, Ccflrénus, 11, SS-i, Zonaras XVI, 1, se laissent entraîner à leurs
exaij'érations ordinaires ; 308 000 liuiiinu's, en coin|)renant il est \rai, les auxiliaires liongruis
et |)etclieii('i,'U('S.
(-2) Liillprand, Jnlapud. V, 15.
(3) Soloviev, t. 1, p. il 1-1 12.
(i) Nestor, a. Gii'.), c. 2G.