L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

514 CONSTANTIN PORPHYROGENETE.
guerriers, constituent un des boulevards les plus indestructibles, une
des marches les mieux gardées de l'Empire Romain (1). Quand
Jusiinien II eut commis l'imprudence d'affaiblir cette colonie de
pillards dans l'espoir d'assurer la paix avec les Khalifes, on put en
former sur différents points de l'Empire cinq ou six colonies :
les Marda'ites d'Arménie (2), les Mardaïtes du thème des Cibyrrhéotes
sous leur Catapan (o), des Mardaïtes d'Occident dans les thèmes de
NicopoJis, Péloponnèse, Cephallénie (4) , très-probablement les My rdites
d'Albanie (5)
: tous frères des Maronites ou Mardaïtes restés dans le Li-
ban (G), tous indomptables et belliqueux, les sujets les plus indépen-
dants et les meilleurs défenseurs de l'Empire. Leur nom seul rappelait
tellement l'idée de guerre et de rapides algarades, qu'on en a fait le
nom d'un des corps de l'armée byzantine, les Myrtaïtes ou les Mour-
tali du xiv'' siècle, sous le commandement du stratopédarque des
Mourtati et du grand Myrtaïte (7). Leur habileté à dresser une embus-
cade et à fondre à l'improviste sur l'ennemi, était passée en pro-
verbe ; 5tV/;y Mar2xhM, dit Cédrénus , en parlant d'une surprise
organisée par des soldats grecs (8).
L'Empereur Théophile fut, dit-on, le fondateur d'une célèbre colo-
nie militaire, établie en Macédoine sur l'ancien Axios. Elle était forte
à l'origine de quatorze mille guerriers. Codinus, à une époque où les
dénominations de Perses et de Turcs étaient synonymes, leur fait
parler la langue persane (9), Anne Comnène et les voyageurs mo-
dernes leur restituent leur nationalité : ce sont des Turcs.
Etablis sur l'Axios qui, parait-il, leur devrait son nom nouveau de
Yardar (10), les Turcs Vardaiiotes avaient l'air d'être au cœur des
possessions romaines, fort en deçà de la frontière. En réalité, ils se
trouvaient en plein pays ennemi , entourés des tribus slaves des
(1) Cédri'n., 1, p. TGLi, 771. — De Adiii. Imp.^ 21, p. OG ; c. 2'2, p. 103.
(2) Cédri'ii., Il, 771. — De Adm. Irnp., c. 22, p. 103. — Tiiéopli., u. G178, p. 555.
(3) De Adm. Ititp., c. 50, p. 229. — Cércin., Il, ii, p. 6o7.
(/p) Cérvm., II, Ai, p, 655 et suiv., p. CG5.
(5) Ati(|ui'lil Dupcrioii. — Chopin, l'iuvincts dunubimucs, Univ. pitl., p. 112. —
Fainieraycr, I, p. 29 4 ul sui\., prolend i|ue les ftlaïiiotes du Péloiioniièsc oui en partie la
même origine.
(G) L'identité des Mardaïtes et des Maronites contestée par Aniiuetil Duperron, Méni. de
l'Atiid. des lnscri])lions. — De Mas Latrie, llisi , de Chypre, I, p. 107.
(7) Codinus, De o/'ficiis, c. 2, n"' 05, 72, 78. — Ducange, v'' .1Iv(iTy.i7-/;j.
(8) Cédrén., I, 7t)ii.
(9) Codin. De of/iciis, c. G.
(10) Scliafarick, 11, 124.