L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

LES nui. GARES. 333
« Quand Lécapène vint partager le trône de Constantin, il ne restait
plus à l'Empire en Europe que l'espace de terrain que renfermaient
les remparts de Constantinople : Andrinople,
pour la troisième fois,
était aux mains de Siméon (1), la Thrace en proie à Tennemi jus-
(ju'aux faubourgs de la capitale, et B\ zance, isolée de l'Europe, res-
serrée entre les conquêtes bulgares et la mer, n'avait plus de com-
munication qu'avec l'Asie. C'était presque, cinq cents ans à l'avance,
la situation de Uoo.
Pour mettre fin à l'existence de l'Empire Romain en Europe, il ne
restait qu'une ville à emporter. L'enireprise ne parut à Siméon ni
au-dessus de son ambition, ni au-dessus de ses forces. Le moment
était venu où le nom bulgare remplacerait en Orient la gloire du
nom romain ;
où l'héritage d'Auguste et de Constantin le Grand tom-
berait entre les mains d'un descendant d'Asparuch. Ce n'était pas
pour rien que Siméon s'était fait grec, homme civilisé, byzantin :
se créait des titres à l'héritage. Partout sur le chemin « avec l'in-
solence habituelle aux Scythes, il forçait les Romains à l'acclamer
Aiilocralàr (2). »
Enfin, en 9'24, les Bulgares parurent sous les murs de la ville. Il y
avait onze ans qu'ils ravageaient la Thrace, d'Andrinople au Bos-
phore (3)
: il ne restait pas aux Grecs une seule place forte pour
couvrir Constantinople. Il y avait onze ans que l'on combattait :
n'y avait pas une légion qui ne se fût mesurée, et sans succès, contre
les Bulgares. Rien ne pouvait plus sauver Byzance que Byzance ellemême
et ses prodigieuses murailles.
Chose étrange, Siméon, au lieu de donner l'assaut, négocie. Il
s'avance jusqu'aux Blachernes (4) et demande à voir le patriarche
Nicolas et quelques-uns des grands de l'État pour traiter de la paix avec
eux. On lui envoie des députés ; par une nouvelle bizarrerie, il refuse
de les recevoir :
c'est à l'Empereur qu'il veut parler. Romain qui ne
désirait que la fin des hostilités, se rend à cette demande.
On choisit un emplacement pour l'entrevue, on y construit les bar-
rières, on prend les précautions usitées en pareil cas. Que fait
Siméon pendant ce temps ? il s'empare de Notre-Dame-des-Sources,
(1) Cont. sur Léc, c. 13, p. iOi. — Les mêmes.
(2) Léon le Diacre, VU, 7, p. 123.
(3) Conl. sur Léo., c. 10-13, p. 402-405. — Les mêmes.
(4.) Sur l'ensemble de ces faits : Cont. sur Lécap , c. 13, p. 408. — Syni. Mag.,
— Zonaras, XVI, 18. — Nestor, a. 6437, c. 26. — Barhebra»us, 194.
c. 30, p. 737. — Léon, p. 311. — George le Moine, c. 21, p. 900. — Cédrén. p. 30b.
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