L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

212 CONSTANTIN PORPÎÎYROGÉNÈTE.
monde gréco-pélasgique dura près de six siècles. La chute rapide de
l'Empire d'Occident préserva de la destruction les races de l'Occident ;
la longue résistance de TEmpire byzantin faillit causer la perte des
races de l'Europe orientale : c'est de la vitalité de la monarchie que
moururent les sujets.
Dans les populations dont aucune cause extérieure n'entrave la
reproduction , le vide causé par les fléaux naturels est bien vite
réparé. Il en est autrement de ces populations si profondément
éprouvées par les mauvais gouvernements, les guerres, les invasions,
dont le sang était en quelque sorte appauvri par la misère, les priva-
tions, les terreurs continuelles, la fiévreuse et perpétuelle attente de
quelque grand désastre. Les famines, les pestes, les tremblements de
terre y font des vides irréparables ;
deux siècles après on s'aperçoit
encore du grand nombre de ceux qui ont alors péri, et Ton compte
les villes qui ne sont point relevées. Chez un pareil peuple, on
ne sait pas plus repeupler les cités que refaire les chefs-d'œuvre
détruits.
Or, les habitants de la Péninsule, pendant tout le Bas-Empire,
furent en proie à ces grands désastres qui sont à une population affai-
blie ce qu'une blessure est à un corps malade.
L'époque de Justinien est surtout féconde en semblables catastro-
phes. Si nous en croyons Procope, fort ignorant d'ailleurs en statis-
tique comme tous les Byzantins, il serait mort, sous le règue de Jus-
tinien, par la guerre, la famine, la peste, les tremblements de terre,
sur tout le littoral de la Méditerranée, près de 100 millions d'hom-
mes. Les pestes, les tremblements de terre, qui coïncidèrent avec les
tentatives iconoclastes et qui en parurent le châtiment, ont laissé
aussi un souvenir terrible dans l'histoire. C'est même à propos de la
peste de 747, sous Copronyme , que notre Constantin prononce le
mot fameux : « I^T''//'.acwSy; r.y.'jy. -h '/{'^[^y-
' le Péloponnèse devint
slave (1).
» Il semblerait que l'ancien monde, races et civilisation,
cités et monuments, dtjt s'abîmer, pour faire place aux générations
et aux idées nouvelles. Le règne de Justinien qui vit ce terrible
éclaircissement des anciennes races, le règne (riléraclius qui vit
les races nouvelles franchir le Danube et s'établir dans la Péninsule,
forment la transition tragique entre deux histoires.
(IJ TItcmc», II, G, p :\i.