L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

LA VIE DE BASILE. Hl
Gommeront entendu tous les historiens byzantins, orientaux (1), occi-
dentaux, du moyen âge.
Une chose plus étonnante et (jui résulte des aveux de Constantin,
c'est la pauvreté des sources dont on disposait à Hyzance pour
écrire l'histoire. Voici le petit-fils de Basile I'^' qui veut écrire la
vie de son aïeul, et il se trouve qu'il y
a pénurie de documents,
(lue les renseignements commencent à manquer, que sur ses actions
les plus éclatantes il y a de l'incertitude, qu'une grande partie de
ses exploits sont déjà ensevelis dans l'oubli, et que les faits que
nous apporte. son petit-fils, c'est « ce qui n'a pas été entraîné dans
le courant duLéthéetce que la longueurdu tempsn'apointeffacé(2).»
Il n'y avait donc pas à Constantinople ces journaux que pos-
sédait du moins la vieille Rome (3) et qui furent une source
abondante où durent puiser les Tacite et les Suétone ? Quand les
Byzantins veulent écrire l'histoire des Romains leurs devanciers, ils
ont le riche héritage de la littérature romaine, un nombre immense
de livres, ao-V.vta clc'/.lw, nous dit le Porphyrogénète {à) ; quand
ils veulent, après une génération, écrire leur propre histoire, ils ne
tiouvent plus rien : des
souvenirs a. demi effacés, la mémoire chan-
celante de quelques vieillards, des traditions altérées et que leur
absurdité seule a sauvées de l'oubli, des histoires de présages et de
prédictions, lout ce chaos de contes à l'orientale qui circulaient
parmi le peuple et dans lesquels les personnages et les régnes
étaient confondus (5).
Il ne faut donc plus s'étonner de la sécheresse des récits militaires
dans les auteurs Byzantins. Voici un prince qui a sous la main toutes
les archives de l'Empire et qui, voulant raconter les guerres de son
aïeul, nous avertit « de ne pas nous étonner, de ne pas l'accuser,
s'il raconte toutes choses brièvement, simplement et comme en cou-
rant (6).
» Car, ajoute-t-il, « comme il s'est écoulé beaucoup de
temps dans l'intervalle, les détails des événements se sont en quel-
que sorte obscurcis sous un long silence ; sur la manière dont telle
bataille a été livrée, sur les attaques et les charges, sur le déploie-
( ) Palnakian : Essai sur (es Sassanides. Journ. itsial., février-mars 1866, p. 101.
(2) Vie de Basile, in fine, p. 3o"i.
(3) J.-V. Leclerc : Des journaux chez Us Romains.
(4) Vie de Basile, c. 1, p. 212.
(b) Le biographe de Constantin VII fait le même aveu que le biographe de Basile : • La
plupart des actions de ce prince m'ont passé de l'esprit. • C, i8, y. iG2.
[i)) Vie de Basile, c. i~ , p. 279-280.