L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

ETHNOGRAPHIE DES THÈMES d'eUROPE. 221
siècle et la Grèce du x*^ n'en virent pas moins reparaître et multiplier
l'ancienne population. Mais tandis que la conquête anglaise ne laissa
après elle aucun élément étranger dans la France débarrassée de Tin-
vasion, la population hellénique en reparaissant à la lumière de
riiistoire, eut à compter avec des hôtes étrangers.
Repousser ces hôtes non invités, n'était point prudent ; car ils
avaient encore le glaive au côté et sur lépaule les flèches empoison-
nées, le fatal lazzo avec lequel ils savaient enlever un légionnaire du
milieudes rangs. Quand mèmeonreùt pu, il répugnait d'égorger ces
femmes, ces enfants, ces vieillards qui formaient le gros de la horde.
D'ailleurs, sous Constantin Copronyme, n'était-ce pas le gouver-
nement lui-même qui les avait appelés pour combler les vide's causés
par la peste (1). Sur beaucoup de points, il n y eut même pas un fonc-
tionnaire romain pour contempler la marche de cette révolution : les
anciens habitants du pays profitaient de la désorganisation gouverne-
mentale ;
ils voyaient un avantage dans la retraite de l'administration,
lors même qu'elle coïncidait avec l'arrivée des nouveaux colons. lisse
déshabituaient de l'obéissance, et de la confiance comme de la crainte,
cà l'égard du gouvernement. Les stratèges de Patras, de Corinlhe,
de Durazzo, de Nicopolis, savaient-ils ce qui se passait à quelques
milles de leurs forteresses, dans les vallées de l'Arcadie ou du Pinde,
savaient-ils quelles hordes passaient et repasssaient sans cesse au
pied de la montagne , quelles tribus se heurtaient dans ces gorges
désormais inaccessibles au collecieur romain ?
Les citoyens de Byzance étaient aussi ignorants de ce qui se passait
au sein des populations greccjues émancipées parles barbares ou réfu-
giées dans les cantons les plus inaccessibles, que de ce qui se passait
au sein des peuplades envahissantes. Complètement séparés des pre-
mières par les secondes, ils crurent à la destruction totale de l'élé-
ment grec. Ils virent le mal plus grand qu'il n'était, et il faut remar-
quer que ce sont les Byzantins eux-mêmes qui, par leurs exagéra-
tions, ont donné lieu aux exagérations des modernes. Le livre de
Falmerayer n'est en somme qu'un commentaire adouci de l'affirma-
tion si radicale de Constantin Vil : ny.7y. Z7i/sxz'j:hr,.
Pas un Romain, nous dit un auteur, ne pouvait mettre le pied dans
l'iniérieur du Péloponnèse (2). Les communications entre les terri-
(t) Paparrigopoulo, Rechtrches hisluriques.
(2) Lettre de Mcolas 111, Patriarche, à Alexis F^. _ LcunclaNius, Jus ormco-roma-
nutn, t. l, p. 278.