L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

PROGRÈS DES IDÉKS DE LÉGITIMITÉ. 31
Jusqu'ici, nous avons vu des systèmes d'hérédité qui n'ont rien
d'insolite. La transmission du trône au moyen d'adoptions succes-
sives, mise en pratique par les Basileis du 1" siècle b\ zantin, rappelle
tout à fait les adoptions successives dans la famille de Jules-César,
au premier siècle de l'Empire romain. Les Empereurs du viii*^ et du
ix^ siècle agissent exactement comme, au x^ siècle, les premiers Capé-
tiens, quand ils voulurent fortifier le principe d'hérédité monarchique
au sein de la féodalité française ; les Isauriens et les Phrygiens font
couronner leur fils unique (1), comme Henri I" ou Robert feront
sacrer leur fils aine de leur vivant. Seulement, le danger à Constan-
tinople étant plus grand, c'est à l'âge d'un an, et, en quelque sorte,
aux bras de leur nourrice, qu'on couronne les jeunes héritiers.
Avec Basile I" nous avons un système complètement diiïérent.
Ce n'est plus un seul fils qui est associé à l'Empire, c'est toute la fa-
mille. En 869, il fait couronner Empereur son aine Constantin ; en 870,
son second fils Léon ; vers 872, son troisième fils Alexandre, pres-
que aussitôt après sa naissance C^). Pour plus de solidité, il fera de
son fils Etienne le Patriarche de Conslantinople, l'Empereur spiri-
tuel de l'Orient. L'historien de Basile, qui n'est autre que son petit-
fils, nous découvre le fond de sa pensée : s'il associait ses trois fils à
l'Empire, « c'était pour enfoncer dans l'Empire des racines plus puis-
santes et plus nombreuses (3).
ger les ambitieux et les assassins.
* En d'autres termes, pour découra-
L'usurpateur Romain, comme nous l'avons vu, employa le même
procédé : il s'associait, outre le Porphyrogénète, ses trois fils et son
petit-fils : c'était un personnel de cinq ou six Empereurs contre le-
quel le poignard était impuissant ; et il fallut Timbécillité de ses pro-
pres fils pour renverser un arbre aussi puissamment « enraciné. »
Rien dans ce nouveau système d' association ne rappelle soit Dio-
clétien, soit Constantin I''. Sans doute, au x^ siècle, il y avait un
grand Empereur, o Miyy.; cxaih-j; (4), supérieur à tous les autres,
duquel émanait le pouvoir de ces derniers, qui, dans les actes, les
cérémonies et les médailles, occupait la place d'honneur, de même
qu'à la fin du ni" siècle, il y avait un Empereur Jupiter, un Empereur
Hercule et deux Césars. Mais là s'arrête l'analogie. Les quatre Em-
(1) Il est, en effet, à remarquer que c'est toujours par un fils unique que ces deux dynas-
(2) De Murait, ann. 869, 870, 872 — ; Cont. sur Alex. c. 33, p. 264.
ties se continuèrent.
(3)
Vita Bas., c. 34, p. 264.
(4) Cérémonies, II, 47, p. 682.