L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

L USURPATION DE ROMAIN LÉCAPÈNE. 19
c Vous m'avez autorisé d'un accord unanime, nobles héros, à
porter les brodequins de pourpre. Vos dons me paraissent assuré-
ment fort précieux ; et pourtant, à le bien considérer, il m'a paru
que je ressemblais à ces mimes et à ces bateleurs qui, pour mieux
faire rire le public, se revêtent de costumes bariolés. Moi, comme
les antres, je ris de moi-même quand je me présente en public.
Empereur par les pieds, et simple plébéien par la tête. Quelle bonne
comédie !
a-t-on jamais vu meilleure farce? Donc, ou accordez-moi
la couronne, ou reprenez-moi ces brodequins impériaux qui font
de moi la risée du peuple. » Et, ajoute Luitprand, on lui donna la
couronne et il garda ses brodequins (1).
Quoiqu'il en .-oit du récit de Luitprand, l'évolution accomplie par
Romain ne plaisait pas aux amis du jeune prince : à chaque empiéte-
ment répondait une conspiration, un Protocarabos, ou premier pi-
lote, en 920 (2j -,
l'ancien
tuteur Stéphanos le Magister en 922 ;
trois ou quatre fonctionnaires d'un rang supérieur la même année ;
c'est même cette dernière conspiration qui servit de prétexte à Ro-
main pour rejeter le Porphyrogénète au second rang. Un autre tu-
teur, Jean le Recteur en 925. Toutes ces tentatives furent cruelle-
ment réprimées.
Tout en se défendant, Romain continuait à envahir. « Quand il se fut
rassasié de l'ambroisie du pouvoir, il ne put cependant mettre un
frein à ses convoitises : le pain d'autrui qu'il avait volé passait tout
entier à nourrir les siens, et celui à qui ce pain appartenait restait
affamé (3). Quand sa femme fut morte, il fit couronner Augiisfa la
femme de Christophe (923) ; il donna la couronne impériale à son
deuxième fils Stéphane, à son troisième fils Constantin (924), à son petit
fils Romain, fils de Christophe (4) ; il donna le Patriarcat à Théophy-
lecte, son quatrième fils, envahissant à la fois l'Église et l'État (933).
Il eut même l'audace, en 927, à l'occasion du mariage de sa petite-fille
Marie avec le Tsar de Bulgarie, de faire prendre le pas à son fils aine,
père de la nouvelle Tsarine, sur 1 héritier légitime (5), puis il accorda
(Ij Luilprand, Anlup., I. IH, c. 33, p. 3;0. — Sur lous ces faits, Cont. sur. C. Porpli.,
c. 11-17, p. 393-398. — Sym., c. 12-18, p. 723-731. — Geor., p. 884-890. — Cédré-
nus, t. H, p. 290-296. — Zonaras, loc. cit., etc.
(T) Constautin VII a parlé lui-mèrae de celte conspiration. Du Adin. Imp.j c. 31, p. 241
(3) Manaisès.
(4j Zonaras, 1. XVI. c. 18.
(oj De Saulcy, ouvrage cité, p. 219-220. Voir dans Zacharia,-, Jus Grœco-Romanum^
l. III, p. 241 et suiv., l'en-tète des Novelles impériales,
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