L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

242 CONSTANTIN POUPllVROGÉNÈTE.
dorienne, éonienne, éolienne sur la mer Egée. Il y avait une conquête
qui, sur l'Asie pélasgique et sémitique, avait précédé la conquête
romaine: c'était la conquête gréco-macédonienne. 11 y avait une
langue qui était, depuis un millier d'années, la langue commerciale
de l'Asie Mineure ; qui en était depuis quatre ou cinq siècles, de-
puis le temps où l'on jouait à la cour des rois Parthes les tragédies
d'Euripide, la langue littéraire ; qui, après avoir servi à la propa-
gande du christianisme, en devint la langue d'église ; qui, après la
fondation de 1 Empire byzantin, s'imposa de plus en plus au gouvernement
romain lui-même, et finit par supplanter le latin, même
comme langue administrative.
Race et langue grecques, voilà les agents les plus énergiques de
la transformation de l'Asie ; partout où cette race se trouve en pré-
sence avec les races antiques, elle finit parles absorber; dans la
région du Méandre, suivant Strabon, l'héllénisation des Lydiens
et des Cariens était complète -,
les
Gaulois, à peine arrivés dans la
plaine du Sangarius , deviennent des Gallo-grecs; les Goths, au
vni" siècle, des Gotho-grecs (1).
Tout au plus, les races sémitiques, moins voisines du littoral grec,
moins assimilables à l'hellénisme que les races pélasgiques, avaient-
elles gardé leur ancien caractère : de là, peut-être, tant d'épigrammes
des Grecs contre les Cappadociens ("2). Les peuplades des monta-
gnes, Lycaoniens, Isauriens, Ciliciens, avaient peut-être aussi mieux
résisté.
Mais si les vieux dialectes et les vieilles mœurs se maintenaient
chez les serfs de la campagne ou les barbares du Taurus, il n'en n'est
pas moins vrai que, pour l'Asie civilisée, il n'y a plus qu'une seule
langue ; les Cappadociens Basde, Grégoire de Naziance, Apollonius
de Tyane , Eusèbe de Césarée , le Syrien Chrysostome, le Méso-
potamien Lucien de Samosate , l'Arménien Strabon , ne connais-
sent qu'une langue, celle des anciens colons grecs du littoral.
Remarquons pourtant que si l'Asie antique a subi toutes ces
transformations, ses éléments ethnographiques restent les mêmes.
C'est avec les vieilles races seulement que s'est fait ce mélange nou-
veau. C'est entre les anciens colons grecs et les anciens barbares
que s'est opérée cette conlusion, cette a'jyyyrjii dont parle Strabon.
Mais, à part un élément romain presque insignifiant, on peut dire
•
(1) Thcoph., a. G208, p. liOii.
{J.) l-)du.s, De May., II, !20, p. I8a.