L'Empire grec au dixième siècle; Constantin ... - mura di tutti

278 CONSTANTIN POP.PHYUOGÉNÈTE.
Tous les monuments du droit, dans les provinces, à côté des
prœsides ou des stratèges, des officiers du lise, des évèques et des
higoumènes de monastères, nous signalent de puissantes maisons
indigènes qui abusent d'antiques droits de patronage pour empiéter
sur la propriété ou la liberté des sujets de l'Empire. Dans les Novel-
les de Justinien, il est souvent question de ces puissants, ow^crot, oiV.ot
ojv;>:Tà)v, de ces chefs de tribus, 'iiv/.xpym, qui exercent d'injustes
patronages, a5r/co-j; 7: ^oo^-a-jt'a;, qui sont entourés de clients et de
satellites, oooiiY^poi, Çcoa-îvovreç, et qui, au mépris des lois et des
gouverneurs impériaux, en font les instruments de leurs usurpa-
tions (1).
Celte puissante aristocratie provinciale, nous la retrouvons encore
du IX*' au xiii" siècle. Qu'était-ce que Daniélis, au temps de Basile et
de Léon VI, sinon une des plus opulentes archontisses du Pélo-
ponnèse ? Sous Lécapène, nous trouvons les archontes pélopon-
nésiens, presque tous honorés par le gouvernement de quelque
grade de noblesse, exercer en quelque sorte, les uns contre les
autres, le droit de guerre privée CS).
C'est ainsi que Villehardouin nous signale, au commencement du
xiii^ siècle dans un canton de la Morce t uns Griex qui moult estoit
sires dou pais » (3) ; c'est ainsi que le Livre de la Conquesle et la
Cliroirùjue de Morce, qui n'en est qu'une traduction en vers grecs,
nous montrent partout une noblesse provinciale, qui défend bien
le pa\s contre les envahisseurs, mais qui, après la victoire des
Latins, nabandonne pas le pays comme les capitaines de l'Empe-
reur, et se soumet au régime nouveau.
Après la conquête de l'Elide et de l'Arcadie, quatre nrchontrs
indigènes, « quatre arconde grec des plus sages dou pays » sont
adjoints à cinq évoques ou nobles francs pour procéder à un nou-
veau partage des terres (4). Les archontes de Monemvasia, .iprès
avoir défendu trois années leur ville contre les Français, finissent par
traiter avec eux moyennant la conservation do leurs franchises et
de leurs propriétés (5). Les archontes de Nikli (6), de Lacédémone,
(1) Juslinieii, Suvelles 17, 12-13 ; 28, S ; 30, I i ; c. il, 1, elc. — iNov. de Lccnpènc
(2) Voir ci-di'Ssus p;ige 2y8. Les archonles ou séhiislinlcs (laiai^senl a\oir élé assez
nombreux. Les Français de Morée en prennetil 3uO dans une seule Ijalaille, Livre de la Cvii-
qiipslc, p. 185.
(3) Villehardouin, édil. I'. Paris, c. 133.
(4) Livre de la (Umquestc^ p. iG.
(5) Buclion, liccherehes, i. I, p. 92.
(6) Oî ipx'JVT£s Toù NwXtoj, Chronique de Murée,, \. 6 99,