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distinguer ses théories des créations fantasques et arbitraires de l'esprit du poète 216 ». Une fois encore,<br />

la référence altistique est utilisée comme une légitimation a contrario de la théorisation scientifique.<br />

Alors que si, suivant Popper, on considère le principe d'induction non comme « vrai» mais comme<br />

« probable », « comme toute autre forme de logique inductive, la logique de l'inférence probable ou<br />

"logique de la probabilité" conduit soit à une régression à l'infini, soit à une doctrine de<br />

['apriorisme 21 ? ». Le principe remis en cause, les théories scientifiques et les théories artistiques<br />

seraient-elles pareillement arbitraires? On sait alors que Popper prône la réfutation de l'erreur comme<br />

principe d'avancement, potentiel, du savoir scientifique. Si la conscience de cette faillibilité amène<br />

certaines disciplines scientifiques à manquer de mémoire, s'agissant pour l'art d'un domaine dont<br />

Platon nous dit en substance qu'il est spéculation autour de l'apparence illusoire des choses illusoires,<br />

c'est à une accumulation que l'on est confronté. C'est la raison pour laquelle Anne Cauquelin propose<br />

l'idée fertile d'une « rumeur théorique» qui me semble pareille à un brouhaha constitué par le<br />

foisonnement de propositions qui, même antiques, conservent une part d'actualité dans le discours sur<br />

l'art. Cette notion de « rumeur théorique» lui sert à définir la nature des discours qui accompagnent la<br />

constitution sociologique de l'art, se confrontent sans se récuser vraiment et s'additionnent en fait. Ils<br />

vont d'ailleurs particulièrement proliférer lorsque son identité deviendra incertaine, alors que<br />

précisément celle-ci reste la condition de sa valorisation « promotionnelle» sur le nouveau terrain<br />

économique et médiatique. Je la perçois comme un environnement de ce qui est devenu maintenant le<br />

système de l'art et qui y participe. On peut dire en effet que c'est en affirmant encore sa valeur propre<br />

qu'il pénètre dans ce contexte post-moderne tout en récusant, par le fait même, ce qui l'avait construit.<br />

C'est donc sous la condition d'une telle restriction, car je pense que l'auteure ne l'exprime pas dans<br />

cette perspective, ou pas complètement, que j'utiliserai ce concept qui porte par ailleurs une image très<br />

efficace. Il me semble que c'est ainsi que ce concept de « rumeur» acquielt vraiment une valeur<br />

théorique, descriptive et cognitive, et qu'il possède une portée directement critique.<br />

Ce n'est donc pas qu'une démarche historique qui nous fait remonter au début d'un chemin où<br />

on peut s'accorder sur le fait que j'art n'existe pas encore « en tant qu'aIt» et selon la définition dont<br />

nous usons maintenant, depuis la modernité. Certaines des questions qu'il soulève ou qui structurent sa<br />

propre compréhension existent déjà. Anne Cauquelin évoquait l'idée d'un « fond génétique» et si elle<br />

ne parle pas d'une matrice, l'image n'est pas lointaine quand elle postule l'existence, dès l'antiquité,<br />

d'une « sphère artistique 218 ». Il est d'ailleurs utile, avant de poursuivre, de préciser qu'une fois de<br />

216 Hans Reichenbach, Erkenntnis, 1930, p.186; cité par Karl Popper dans La Logique de la découverte<br />

scientifique, trad. Nicole Thyssen-Rutten, Paris, Payot, 1973, p. 24.<br />

217 Karl Popper, La Logique de la découverte scientifique, op. cit., p. 26.<br />

218 Anne Cauquelin, Les théories de l'art, op. cit., p.13.<br />

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