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IMG - Archipel - UQAM

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à la fin de son œuvre dans des dialogues qui n'en sont presque plus. Platon juge ces représentations<br />

avec moins d'intérêt critique que Socrate car elles sont pour lui et comme on l'évoquait plus haut,<br />

l'apparence illusoire des choses, elles-mêmes illusoires. L'exigence fondamentale qui se pose à<br />

l'homme est ailleurs pour lui, c'est ce qu'il appelle « se mouvoir soi-même ». « Ce dépassement de soi<br />

s'accomplit en direction de quelque chose qui n'a le caractère ni des choses ni des êtres automoteurs,<br />

qui "est" en dehors de ces deux modes d'être. Le dépassement de soi, la transcendance comme<br />

mouvement primordial de l'âme, est ce qui maintient l'âme au dessus de la sphère de tout ce qui est<br />

selon ces deux modes 239 ». Cette idée traduit une tendance de la pensée qui ne se tarira jamais<br />

également et qui, au-delà du doute sur les conditions même du beau, et donc plus tard de l'art, mettra<br />

en cause sa superficialité trompeuse. Anne Cauquelin note que, pour Platon, le beau est, ou doit être, le<br />

visage du bien et de la vérité et cette triade est le principe d'ordre qui donne accès à l'intelligibilité<br />

sans lequel le monde ne serait que chaos. « Ce principe unique (et de l'unicité) qui donne sa<br />

consistance aux êtres ne peut être recherché dans le divers, le bariolé, le mélangé, le sensible, les<br />

phénomènes, ni bien sûr, dans l'art tel qu'il se pratique. Seul l'exercice de l'intellect peut le viser 240 ».<br />

On pourrait alors penser qu'il est stoïcien avant 1'heure et qu'il préfigure ces pensées essentialistes,<br />

notamment religieuses ou mystiques qui répudient l'image. On peut aussi se demander si l'on ne<br />

pourrait pas y voir les ferments de certaines théories esthétiques contemporaines qui, attachant plus<br />

100<br />

d'importance à la réflexion de et sur l'art, désubstantialisent l'œuvre. POUI n'être pas proprement<br />

platoniciennes, l'amour de l'art qu'elles supposent me paraît bel et bien platonique.<br />

Le mode de la connaissance, qui reconnaît l'homme en train d'interroger la réalité du monde,<br />

poursuit son chemin et se spécialise avec Aristote (384 av. J-C.-322 av. J-c.) qui semble demeurer le<br />

paradoxal et inaccessible exemple de son universalité. Conune le note Élie Faure, « l'enquête<br />

d'Aristote disperse à l'infini l'observation, la connaissance, le caractère de cet objet. Ce n'est pas non<br />

plus par hasard qu'il est le contemporain de Lysippe et que la science anatomique, qu'il fonde, apparaît<br />

à l'heure même où le modelé musculaire se substitue peu à peu au plan architectural 241 ». Elle influe<br />

donc une fois de plus sur la statue dont nous suivons l'évolution et sa « forme gagne en sensibilité ce<br />

qu'elle perd en énergie ». Le monde d'Aristote n'est pas double, il n'est pas surplombé par celui de<br />

l'idée comme celui de Platon, il est expérimentable et matériel mais cette matérialité n'est pas<br />

première car la nature de cet être, c'est sa forme. Et c'est ce propos qui me permet de penser, avec<br />

Michel Freitag que notre relation au monde est d'abord esthétique au sens générique de ce terme. C'est<br />

l'exemple de la statue que prend Aristote pour expliciter son raisonnement qui fait dépendre la forme<br />

239 Jan Patocka, L'art et le temps, op. cit., p.96.<br />

240 Anne Cauquelin, Les théories de l'art, op. cit., p.18.<br />

241 Élie Faure, L'esprit des formes, op. cit., pA8.

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