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savoir absolu et celle de l'Absolu, soit-il d'ailleurs le savoir lui-même comme il me semble que Fichte<br />

le défend. La question posée par le système fichtéen est bien celle de la science et considérer ainsi le<br />

savoir revient à s'interroger sur l'existence même des jugements scientifiques. Pour Fichte, ils existent<br />

tout autant qu'il est certain que ['être existe mais, conune cela ne peut être prouvé théoriquement, on<br />

ne peut pas le considérer conune absolument certain. On ne peut donc penser de manière cohérente<br />

l'ensemble de la réalité qu'en partant du principe de l'existence du sujet. C'est sur ce point que<br />

Schelling dispute car il postule in fine qu'il ne peut y avoir deux sortes de certitudes. Pour achever la<br />

révolution critique de Kant et de Fichte qui postulait qu'amener la preuve de l'existence de l'homme et<br />

de Dieu était impossible, il fallait encore, conune le propose Schelling, préciser que c'était absolument<br />

inutile. En questionnant un Moi insaisissable et la liberté qui le justifie, Fichte ne pouvait penser la<br />

nature qu'en terme de limitation, alors que Schelling tente de réunir nature et esprit. Sa question<br />

philosophique se formule de la manière suivante: «comment peut-on concevoir à la fois les<br />

représentations comme se dirigeant d'après les objets, et les objets conune se dirigeant d'après les<br />

représentations 416 »? Ni la philosophie théorique ni la philosophie pratique ne peuvent y répondre. li<br />

ne s'agit pas ici de réconciliation mais plutôt de l'identification de ce qui serait un chaînon manquant,<br />

comblé par Dieu dans le dualisme kantien. Cela doit permettre de penser une action et même plutôt un<br />

agir qui peut associer la production objective de la nature et la volonté libre du sujet.<br />

160<br />

Pour Schelling, cet agir est inconscient pour ce qui est de la première et conscient pour ce qui<br />

concerne la seconde. Il conçoit donc la nature comme une étape pré-réflexive de la conscience de soi et<br />

il n'a plus besoin de rejeter l'intuition intellectuelle comme le faisait Kant. L'esprit et la nature, le Moi<br />

et le non-Moi, le fmi et l'infini, bien que dissociés, sont reliés par un mouvement d'aller-retQur entre la<br />

représentation de soi réflexive, qui est finie et l'unité, pré-réflexive, qui est infinie. La nature est<br />

originellement homogène avec l'esprit car elle est « l'organisme visible de notre entendement 417 ». La<br />

philosophie de la nature et la philosophie transcendantale se présentent donc conune deux dimensions<br />

d'une seule discipline et la philosophie pratique conune un «moyen terme 418 ». Elle ne doit plus<br />

postuler le devoir moral comme l'affirmation de la raison mais un laisser-être de la vie, de la nature et<br />

de l'esprit. On peut alors se demander conunent le sujet, dans la volonté qui le caractérise - tout autre<br />

que le « vouloir» de Schopenhauer, j'en conviens - peut assumer cela. Et l'art survient encore car<br />

c'est dans son génie que se manifeste l'identité du conscient et de l'inconscient, de la nécessité et de la<br />

liberté. Le génie réalise «par instinct» ce qu'aucun entendement ne réussit jamais. Il fait que l'art,<br />

416 Friedrich W.J. von Schelling, Système de l'idéalisme transcendantal, [1800] in Ausgewah/te Schriflen, voL 1,<br />

Francfort, Suhrkamp, 1985, pA16. Cité par Thierry Simonelli, in « La production inconsciente chez Schelling ».<br />

Disponible en ligne sur : http://www.dogma.lu/txtJschellingl.hlm.<br />

417 Friedrich W.J. von Schelling, Système de l'idéalisme transcendantal, op. cit., p.340.<br />

418 Ibid. pAO 1.

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