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place élevée qu'il y occupait autrefois 452 ». Dans l'édition de 1875 453 , une note de Charles Bénard 454<br />

vient inunédiatement pondérer le propos. Il nous dit en effet que « ceci ne peut être pris à la lettre; ce<br />

qu'il y a d'excessif dans cette assertion est corrigé par l'ensemble du cours, quoiqu'on ait reproché<br />

avec raison à Hegel sa manière d'envisager l'art à ce point de vue ». C'est donc le fameux postulat de<br />

la mort de l'art qui nous est présenté comme une annonce dramatique que la suite du raisonnement<br />

hégélien viendrait atténuer, voire contredire. Mais n'est-ce pas se tromper sur l'intention de l'auteur<br />

qui nous parle d'abord en philosophe? C'est bien la figure trinitaire du raisonnement hégélien qui se<br />

manifeste dans cette introduction qui me paraît aussi conçue et dramatisée dans sa progression comme<br />

la scène d'exposition d'une pièce de théâtre. On peut y voir la présentation des trois protagonistes<br />

l'être humain, l'art et le philosophe. Ce dernier me semble occuper le rôle du Commandew' qui prêche<br />

la raison à un Don Juan qui ne peut s'y résoudre. Le rythme de l'intrigue est également ternaire<br />

puisque, après nous avoir réjouis en assurant que l'art existe, c'est la thèse, il nous nous désespère en<br />

nous annonçant qu'il n'est plus, c'est l'antithèse, et nous propose enfin une solution en forme de<br />

synthèse de ces constats opposés. Elle explique alors le pourquoi de cette Esthétique. « Nous<br />

raisonnons nos jouissances et nos impressions; tout dans les œuvres d'art est devenu pour nous<br />

matière à critique ou sujet d'observations. La science de l'ait, à une pareille époque, est bien plus un<br />

besoin qu'aux temps où il avait le privilège de satisfaire par lui-même pleinement les intelligences.<br />

Aujourd'hui il semble convier la philosophie à s'occuper de lui, non pour qu'elle le ramène à son but,<br />

mais pour qu'elle étudie ses lois et approfondisse sa nature 455 ». La question posée par Hegel ne me<br />

semble donc pas être, ou ne pas être seulement celle de la légitimation de l'art mais celle de son étude<br />

par la philosophie car c'est justement parce qu'il n'est plus figure totale de l'esprit qu'il peut être<br />

« raisonné ». On pourrait peut-être aussi dire que c'est parce qu'il est dé-subjectivé, voire dé-consacré,<br />

qu'il peut devenir objet d'étude. En cela, veut-il dépasser le néant qui s'était emparé de certains de ses<br />

prédécesseurs et amis? Fallait-il en effet que le chemin de jeunesse de l'artiste, décrit par H61derlin<br />

dans son Stimme des Volks, comparé à un torrent impétueux, use son flot de rocher en rocher, envisage<br />

la mort pour, retrouvant le « Tout» et les Dieux, qu'il détruise volontairement son œuvre 456 ? Une fois<br />

son constat posé, on serait fondé à se demander si la méthode qu'il déploie ensuite ne s'applique donc<br />

qu'aux chefs-d'œuvre du passé. Ce pourrait être le cas et la finesse de ses études historiques semblerait<br />

452 Ibid., p.lO.<br />

453 Paris, Germer-Baillère, 1875,496 p.<br />

454 Premier traducteur et commentateur de l'ouvrage pour l'édition française.<br />

455 Ibid., p.20.<br />

456 Extrait de la deuxième version, 1801 :<br />

Freiwi/lig iiberwunden die lange KunsI<br />

VOl' jenen Unnachahmbaren da ; el' selbsl.<br />

Der Mensch, mil eigner Hand zerbrach. die<br />

Hohen zu ehren, sein Werk, der Kiinsller.<br />

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