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la religion et s'élève ainsi à l'idée d'un législateur tout puissant en dehors de l'humanité nl ». Cela<br />

implique aussi que le contenu substantiel des normes continue d'avoir une origine religieuse<br />

116<br />

extrahumaine - ou encore une origine sociale purement contingente dans la tradition, l'impératif<br />

catégorique ne définissant en fin de compte que la forme spécifique de 1'« attitude morale» subjective.<br />

Revenant maintenant précisément à la Critique de la faculté de juger et suivant le discours le plus<br />

répandu et aussi sa qualification par Anne Cauquelin au titre de théorie injonctive de l'art, on peut<br />

penser que l'art y occupe une place aussi éminente et pour des raisons comparables que celle de la<br />

religion.<br />

Mais ce serait reproduire une approximation qui est très commune car c'est de la beauté que<br />

voudrait d'abord traiter ['auteur et elle se présente pour lui comme une illustration exemplaire.<br />

Cependant, Kant ne parvient à parler du beau qu'à travers son appréciation subjective: le jugement de<br />

goût. C'est la faculté qui «donne le concept qui opère la médiation entre les concepts de la nature et le<br />

concept de la liberté, et qui, en mettant à notre pOltée le concept d'une finalité de la nature, rend<br />

possible le passage de la raison pure théorique à la raison pure pratique, de la légalité selon la première<br />

au but final selon la seconde; car par là est reconnue la possibilité du but final, qui seul dans la nature<br />

et en accord avec ses lois particulières peut devenir effectif 82 ». Ce que j'appellerais l'idée de beauté<br />

et l'idée de religion, mais aussi celle d'amour m , sont en effet associées dans une même démonstration.<br />

Elles relèvent toutes d'une même formule, le « aIs ob », un comme si que Kant se résout à utiliser car<br />

il est contraint d'admettre que certaines choses fonctionnent dans le monde comme si elles répondaient<br />

à des règles mais que les méthodes de la cOlillaissance ne permettent pas d'y accéder. Pour la beauté;<br />

étant objective, elle est donc en tant que telle hors de l'horizon phénoménal accessible à 1'homme, elle<br />

appartient à l'en soi qui est pour lui inatteignable et de lui, «on ne peut parler». S'ensuivent alors<br />

deux conséquences: la première tient à ce qu'à mon sens, si on ne peut les connaître, on a l'espoir de<br />

les reconnaître, la seconde est celle qui fonde la position de Patocka par rapport à son sujet: la foi.<br />

Alors oui, j'en arrive à penser comme Patocka que les dimensions qu'il assigne au sujet de sa<br />

démonstration relèvent bien de l'absolu.<br />

Son intitulé reprend le vocable de Baumgarten, elle traite de la faculté de juger esthétique et, si<br />

on pourrait dire qu'eHe comble un vide dans la démonstration d'ensemble de l'œuvre critique de Kant,<br />

elle en comble aussi un autre. Elle y contribue au moins et de si magistrale façon qu'on pourrait dire<br />

qu'elle fera et fait encore de l'ombre à nombre de celles qui suivront, s'inscrivant dans sa postérité et<br />

avec Durkheim, pour qui la religion est l'expression détournée et sublimée de la société comprise comme cadre<br />

ontologique de toute vie humaine.<br />

281 Ibid., p.3-4.<br />

282 Emmanuel Kant, Critique de lafaculté de juger, introduction LX, Paris, Gallimard Folio Essais, 2004, p.126.<br />

283 Voir la Métaphysique des mœurs, Doctrine de la vertu, Paris, Garnier Flammarion, 1999, p.77-S0.

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