26.06.2013 Views

IMG - Archipel - UQAM

IMG - Archipel - UQAM

IMG - Archipel - UQAM

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

corrune purement fantasmatique, peut-on seulement envisager d'y agir concrètement et plus encore la<br />

maîtriser? Ces attracteurs étranges animent l'espace de phase d'un réel insaisissable et d'une<br />

impossible représentation devenue miroir d'elle-même dans la généralisation de cette mise en abîme<br />

qui est l'image même de la théorie du chaos. On se consolera vite en se disant que tout cela n'est<br />

qu'affaire d'image et que « ce n'est pas pour de vrai» comme disent les enfants de chez moi. Mais est­<br />

ce bien le cas et subsiste-t-il une vérité à laquelle on puisse encore faire référence?<br />

375<br />

Car ce bon sens enfantin suppose qu'il y a une différence entre l'image et le «vrai» mais ce<br />

que l'on constate justement, c'est qu'elle se dilue de plus en plus. Peut-être n'est-ce pas si grave pour<br />

l'art, mais s'il s'avérait que l'on puisse renverser la proposition? Car la représentation est notre moyen<br />

de dire le monde et les images ne sont pas que celles de l'art. Elles sont aussi celles qui sont portées<br />

par les mots de notre langage, dimension première de notre symbolique corrunune et fondatrice de<br />

notre humaine civilisation. Dans un livre à paraître prochainement, Michel Freitag parle notamment<br />

des dimensions constitutives de la civilisation parmi lesquelles se situe le langage en tant que forme<br />

concrète la plus élémentaire du commun. Elle l'est parce que, par sa maîtrise, l'être humain participe<br />

d'une appropriation symbolique « concrètement structurée» de l'univers qui est partagée a priori.<br />

Mais elle l'est aussi parce qu'il ne peut l'acquérir qu'en s'inscrivant dans la tradition au sens d'une<br />

transmission comprise corrune une réactualisation vivante. Cette référence est donc une exigence<br />

ontologique de la vie humaine et de la vie sociale et la parole dépasse ainsi une simple faculté<br />

subjective. Elle transcende le fameux « arbitraire du signe» que le structuralisme a placé au fondement<br />

de ses descriptions. Elle détermine l'espace de la socialité dans lequel se placent les représentations<br />

narratives et les élaborations normatives et esthétiques qui y sont associées. Toutes les sociétés l'ont<br />

fait « à travers des « récits» à valeur en même temps identitaire et normative, dont les formes, on le<br />

sait, ont significativement varié à travers l'histoire (mythes, cosmogonies et cosmologies, religions,<br />

œuvres romanesques, mais aussi lois, formes de légitimation de l'autorité et du pouvoir, descriptions<br />

scientifiques du monde, etc.)1181 ». Pour lui, le caractère irrévocable maintenant conféré<br />

idéologiquement à l'état de fait systémique et aux dynamiques autoréférentielles en relève. « C'est le<br />

nouveau mythe à travers lequel nous essayons de nous raconter le sens de 1'histoire présente en<br />

l'inscrivant dans une histoire des "techniques" dont l'humanité subjective aurait depuis le début été<br />

absente 1 182 ». C'est la vision ontologique et fondatrice de l'intégration - au sens étymologique de son<br />

entière participation au tout du monde - de l'horrune dans toutes les dimensions de son milieu et aussi<br />

de son intégrité personnelle, qui est remise en cause dans cette abolition de l'histoire en tant que sens.<br />

1181 Michel Freitag, De la globalisation à la mondialisation: une question de civilisation, chap.IV, pAO.<br />

1182 Idem.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!