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IMG - Archipel - UQAM

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leur inaltérable immédiateté - y compris dans l'exploitation patrimoniale - dont ils sont eux-mêmes<br />

prisonniers, à des êtres humains enfermés dans leur rôle résiduel de consommateurs. Cette<br />

« californication» traduit donc bien la radicalisation de l'occidentalisation américaine du monde<br />

344<br />

comme si l'horizon de sa « nouvelle frontière» était définitivement atteint. Et c'est sous l'égide de la<br />

superficialité, de l'apparence et du faux qu'elle s'exhibe comme un masque qui n'aurait plus rien à<br />

cacher. Elle prostitue ainsi le monde dans une hyper-sexualisation pornographique qui voudrait oublier<br />

l'impuissance de l'être humain qui est lui-même réduit à un « système psychique» pour lequel l'amour<br />

n'est plus un sentiment mais ce que j'appellerais une codification de l'impossible. Ce « medium<br />

généralisé» n'est en effet pour Niklas Lulunann qu'un « code symbolique qui informe sur la manière<br />

dont on peut, dans le cas où cette éventualité est plutôt invraisemblable, communiquer tout de même<br />

avec succès 1083 » et il n'a pu se maintenir, dans le procès de différentiation postmoderne emportant<br />

radicalement toute altérité, que par un « accroissement de vraisemblance de l'invraisembJabJe 1084 ». Je<br />

vois ici, et plus encore sur ce sujet particulier, un exemple majeur de cette « posture cynique qui<br />

proclame l'obsolescence des valeurs, la désuétude de la représentation et la fin de la métaphysique<br />

pour la seule raison qu'elles sont en danger dans la crise actuelle de la modernité l085 » que dénonce<br />

Michel Freitag. Alors que la globalisation permet à l'Occident de faire du monde le théâtre de son<br />

« spectacle» au préjudice d'une bonne part de l'humanité, c'est peut-être de la résistance de celle-ci<br />

que viendra le sursaut nécessaire. Cela résultera peut-être aussi de l'expérience de « sa propre hybris »<br />

avec celle de « l'aporie que comportait sa foi illimitée dans le Progrès, compris désormais comme la<br />

capacité humaine de disposer librement de tout et donc de transformer le monde indéfiniment et sans<br />

mesure I086 ». Est-ce parce qu'il y assimile directement la haute culture que Guy Debord postule que<br />

« toute l'histoire conquérante de la culture peut être comprise comme l'histoire de la révélation de son<br />

insuffisance l087 » ? Lieu de recherche de l'unité perdue, « la culture comme sphère séparée est obligée<br />

de se nier elle-même 1088 )). Qu'il y ait des degrés ou des étapes pour aboutir à cette confusion finale, on<br />

peut pourtant penser avec lui qu'elle était prévisible dès l'origine de sa séparation conceptuelle. Avec<br />

la fin de la culture, ce qui se passe en son nom n'est plus que « son maintien en tant qu'objet mOlt,<br />

dans la contemplation spectaculaire I089 ». Et pour ce qui est de l'art, cela est possible grâce à<br />

« l'autodestruction critique de l'ancien langage commun de la société et sa recomposition artificielle<br />

1083 Niklas Luhmann, Amour comme passion. De la codification de l'intimité, [1982], trad. Anne-Marie Lionnet,<br />

Paris, Aubier, 1990, p.18.<br />

1084 Idem.<br />

1085 Michel Freitag, L'impasse de la globalisation, op.cit., p.335.<br />

1086 Idem.<br />

IOS7 Guy Debord, La société du spectacle, op. cil., p.I77-178.<br />

IOS81dem.<br />

1089 Ibid., p.180.

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