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IMG - Archipel - UQAM

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ainsi qu'il peut déduire que le jugement esthétique, universellement communicable, précède le plaisir<br />

et non le contraire. La deuxième sentence résultant de cette argumentation se présente dans la formule<br />

suivante: « Est beau ce qui plaît universellement sans concepts 294 ».<br />

119<br />

Le troisième moment, intitulé « des jugements de gont, eu égard à la "relation" des fins qui sont<br />

considérées en eux» est le plus long. Il commence par y faire la distinction « générale» entre finalité<br />

et fin. « On dira qu'une fm est l'objet d'un concept pour autant que ledit concept est considéré comme<br />

la cause de cet objet (comme le fondement réel de sa possibilité); et la causalité d'un concept<br />

relativement à son objet est la finalité 295 ». Il précise ensuite que, dans ce cas, même si la fin n'est pas<br />

directement explicite, elle existe dans un but, organisé par une volonté. Pour ce qui est du beau, il en<br />

va autrement car l'existence de l'objet a sa finalité propre dans sa forme. « Il ne nous est pas toujours<br />

nécessaire de comprendre par la raison tout ce que nous observons (quant à sa possibilité). Ainsi<br />

pouvons-nous donc, à tout le moins, observer une finalité quant à la forme, même sans mettre à son<br />

fondement une fin, et remarquer cette finalité dans les objets, même si ce n'est que par la<br />

réflexion 296 ». Cela revient à dire que la finalité est immanente à l'objet et que c'est précisément elle<br />

qui est l'objet de la reconnaissance esthétique. Dans ce raisonnement, le concept de « fin» se<br />

rapproche déjà, en un contraste mal analysé avec celui de « finalité », de celui de « but» purement<br />

subjectif qui se laisse atteindre de manière instrumentale. Il correspond donc déjà au concept wébérien<br />

de la « rationalité en finalité », qu'il comprend par opposition à la « finalité en valeur », de nature<br />

expressive. Pour Kant, l'objet possède en lui-même, dans sa forme particulière, sa propre « fin », sa<br />

propre raison d'être, et c'est justement pour cela qu'il peut être objet d'intuition et de contemplation.<br />

On passe donc ici la barre qui sépare l'en-soi du simple phénomène, et l'art se présente ainsi comme le<br />

(seul) lieu où s'effectue un tel passage vers l'en-soi. On peut remarquer que ce constat se décline<br />

encore dans l'idée, voire la nécessité, d'une gratuité, encore une fois attachée spécifiquement au<br />

jugement de gont dans le raisonnement kantien mais largement extrapolée ensuite. Poursuivant sur<br />

cette idée, il identifie ce qu'il entend par la notion d'un pur jugement de goût qui, une fois de plus,<br />

induit une hiérarchie dans ce que j'appellerais les différentes dimensions qui, participant à la forme,<br />

permettent son observation et son appréciation. « L'attrait des couleurs ou des sons agréables de<br />

l'instrument peut venir s'ajouter, mais ce sont le dessin, dans le premier cas, et la composition dans<br />

l'autre, qui constituent l'objet propre du pur jugement de goüt 297 ». Comme on le voit, cette forme est<br />

celle de l'objet d'art, même s'il veut situer plus largement son raisonnement sur le beau, et s'agissant<br />

de l'art, son appréciation, même s'il postule qu'elle ne saurait reposer sur des règles a priori, confirme<br />

294 Ibid., p.150.<br />

295 Ibid., §IO, p.150-15!.<br />

296 Ibid., §10, p.15!.<br />

297 Ibid., §14, p.158.

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