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eauté où l'objet lui-même s'offre et irradie en quelque sorte d'une objectivité qui lui appartient en<br />

propre. Alors que Kant constate a priori que l'art existe et qu'il demeure toujours l'espace d'une<br />

synthèse dont on dirait qu'elle va se réduisant, Hegel verra dans le moment esthétique, caractéristique<br />

de l'art, le véritable moment de synthèse originel. C'est à partir de lui que les moments de la raison<br />

éthique et de la raison cognitive ont été ensuite abstraits et développés de manière réflexive. C'est<br />

pourquoi, il va s'intéresser, à l'inverse de Kant, à l'art lui-même et non au jugement de goût, mais<br />

aussi qu'il constate que ce moment de synthèse - symbolique et donc collective - est dépassé.<br />

2.4 Après Kant<br />

137<br />

La lecture kantienne du jugement esthétique, qui concerne d'abord le regard porté sur l'art,<br />

entraîne évidemment la définition implicite des conditions de sa production comme une « attitude<br />

désintéressée» fondant et reposant à la fois sur la conviction d'un « absolu» possible. La porte est<br />

ouverte pour une évolution supplémentaire et Patocka le confirme quand il précise que « la création de<br />

toute une métaphysique du beau et de l'art, comme étape sur le chemin vers la saisie métaphysique de<br />

l'absolu, n'a donc rien de contingent. C'est Kant qui [...] en fournit les premiers présupposés 347 ». Le<br />

« contenu métaphysique direct» n'était bien-sûr pas présent dans la troisième critique du philosophe<br />

de Konigsberg mais il n'en demeure pas moins qu'il y définit « un recul qui "laisse être" les choses ce<br />

qu'elles sont dans un tout autre sens que les lois des sciences de la nature qui prétendent statuer ce<br />

qu'il en est des choses, mais dont les explications éclipsent entièrement celles-ci 348 ». On pourrait donc<br />

dire que Kant, par l'art et comme l'art, éveille un questionnement sur la possibilité d'une forme de<br />

vérité supérieure à celle qui est « représentée par la nécessité des sciences de la nature, par la légalité<br />

mathématique des phénomènes empiriques 349 ». Cette ouverture est offelie par l'idée d'une « âme» de<br />

et dans l'objet d'art véritable et Schiller poursuit ensuite cette réflexion en la désubjectivisant. Il y a<br />

pour lui un «être» dans l'art qui relève d'une finalité immanente. Les œuvres, en tant que<br />

phénomènes, n'en sont pas séparées et elles se présentent comme les «réalisations géniales de l'unité<br />

et du donné, de la nécessité et de la liberté 350 ».<br />

De son côté, Schopenhauer (1788-1860) est kantien quand il considère que ce qui nous apparaît<br />

dans l'espace et le temps n'est pas le vrai monde mais une représentation subjective. Pourtant, il<br />

diffère de Kant quand il considère, prenant l'exemple de la connaissance immédiate que nous avons de<br />

347 Jan Patocka, L'art et le temps, op. cit., p.163.<br />

348 Ibid., p.164.<br />

349 Ibid., p.163.<br />

350 Idem.

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