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du système social de l'art qui est déjà fétichiste. La fascination est donc elle-même de second degré et<br />

la relation s'exécute dans une «double contingence ». C'est celle de deux «boîtes noires» connectées<br />

dans l'indétermination réciproque de leurs actions et aussi celle de la communication qui devrait<br />

pouvoir, éventuellement, réduire la complexité et l'incertitude de leur rencontre. J'ai alors conscience<br />

d'employer les notions essentielles de la théorie des systèmes sociaux de Niklas Luhmann pour décrire<br />

l'état présent - ou la tendance - de ces échanges - de plus en plus hypothétiques. Elle a donc de la<br />

pertinence si l'on se situe au niveau d'une description, y compris si l'on en arrive à admettre que cela<br />

ne se fait qu'à l'aveugle ou quasiment. Pourtant, une ferme résistance s'impose selon moi car cette<br />

approche a une dimension autoréalisante - pour ne pas dire autopoïétique - qui concentre et accélère<br />

des évolutions qui nient les fondements référentiels sur lesquels elle s'adosse toujours. Car c'est encore<br />

toujours au nom de l'art et sur la base de sa puissance conceptuelle autonome multiplement niée que<br />

tout cela se produit dans ('opacité confortable d'une rumeur qui ressemble plus au souffle d'une agonie<br />

sans fin. Car ce n'est pas ou pas d'abord la communication ou l'échange d'information entre les<br />

systèmes psychiques en relation dans le cadre du système de l'art qui en constitue l'énergie. C'est bien<br />

la rumeur théorique qui environne et alimente le système contemporain de J'art. On constate alors<br />

qu'elle ne sert pas seulement au repérage maladroit du spectateur mais aussi à l'artiste en tant que<br />

référence qui s'avère finalement un piège de sens et non une simple réappropriation, elle-même<br />

créative. Les uns et les autres se trouvent de ce fait pris dans un jeu de dupes sur la base d'une trahison<br />

que l'on voudrait croire inconsciente et inoffensive si elle n'avait pas une telle valeur exemplaire dans<br />

la postmodemité. Cette lecture a posteriori et en fonction d'apports théoriques contemporains me<br />

semble se confirmer si l'on considère le mouvement de la création artistique selon l'analyse qu'en fait<br />

Catherine Millet. L'expression «œuvre d'art total », fut-elle une traduction limitative, se constitue<br />

comme un but pour toute une époque et il fut aussi fécond que destructeur puisque fondamentalement<br />

« iconoclaste» comme elle le dit. La démarche censurant les codes, les modalités et les organisations<br />

au fur et à mesure de leur émergence, suppose l'accumulation des projets. Pourtant, le fait qu'elle en<br />

vienne à se revendiquer à la fois synthétique et ouvelte engendre à mon sens certaines conséquences<br />

inéluctables. « Au bout du progrès en art, se trouve la disparition de l'art. La disparition de l'art dans le<br />

Grand Tout, social et cosmique ». Peut-être est-ce le sens de cette « sublimation 1140» qui est le dernier<br />

mot de son texte et qui veut qualifier l'esprit de l'évolution qu'elle essaie de retracer? Mais en<br />

attendant des devenirs potentiellement mystiques et en tout cas furieusement romantiques, on peut<br />

penser que la disparition, puisqu'il faut bien la constater, a lieu - au moins pour l'instant - dans le<br />

grand tout de la société globalisée ou du marché et du commerce qui n'ont plus rien de cosmique ni<br />

même finalement de sociétal.<br />

1140 Catherine Millet, L'art contemporain en France, op. cit., p.337.<br />

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