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la différencie et l'oppose à l'ensemble des autres formes artistiques, moins libres qu'elle à son avis,<br />

mais aussi, bien sûr, à la prose 477 . Appartiennent pour lui à la forme prosaïque, les genres<br />

historiographique et oratoire et ce qui les distingue de manière capitale de la poésie est leur rapport<br />

obligé à la contingcnce 478 qui empêche la pleine liberté qui fait l'œuvre d'art totale. Ils ne sont pas<br />

poétiques car ils ne peuvent pas, au sens où la règle le leur commande, produire des figures qui soient<br />

mythiques ou héroïques, on pourrait dire archétypiques. Si donc la société est prosaïque, c'est surtout<br />

qu'elle n'a plus besoin des mythes ou de la religion pour s'imaginer au sens premier du terme, ni de<br />

héros pour faire advenir par sa « mse », le « sens de l'histoire ». Si le temps des passions est alors<br />

dépassé: est-il pour autant banal ou corrunun, vulgaire ou grossier? Il ne me semble pas si l'on veut<br />

bien comprendre que, pour Hegel, prosaïque signifie d'abord rationnel parce que réel et réel parce que<br />

rationnel mais aussi raisonnable. Et il me semble que c'est ce raisonnable là qui nous offusque surtout,<br />

ce qui me permet d'avancer l'idée que, outre nombre de formules positives depuis lors « naturalisées»<br />

à propos de l'art, Hegel nous a aussi légué, a contrario, l'idée d'un caractère fondamentalement<br />

déraisonnable de l'art. On pourrait même parler d'une certaine folie et c'est un pas que les successeurs,<br />

dans les rangs des philosophes corrune chez les artistes, n'hésiteront pas à franchir. Je pense que l'on<br />

peut aussi conunenter son raisonnement à d'autres niveaux. Il est clair que selon sa démonstration, le<br />

177<br />

temps n'est plus à l'intuition sensible mais à l'entendement et qu'il ne saurait y avoir de cohabitation<br />

alors que, heureusement à mon avis, les temps écoulés depuis 1833 479 me semblent prouver le<br />

contraire. D'autre part, s'il entend faire du dernier volume de son Esthétique un aboutissement ultime à<br />

son étude encyclopédique et universelle de l'art, c'est peut-être là où il y faillit le plus. Bien sûr, le mot<br />

poésie lui-même nous le dit: la poiêsis grecque, signifiant d'abord la création, est en mesure de<br />

rivaliser directement avec l'art. Les déclinaisons qu'il en fait en suivant le parcours historique de ce<br />

477 Cette dernière n'est pas foncièrement évacuée du cercle artistique puisqu'il l' énldie au paragraphe 2 du<br />

chapitre premier de son quatrième volume.<br />

478 Au sens de la prise en compte nécessaire du réel, des faits et des subjectivités.<br />

479 Je prends ici la date de la publication de l'ouvrage plutôt que celle du cours d'esthétique dont il est sensé<br />

dériver. Ce qui pourra sembler une « coquetterie» me permet de noter qu'une partie des cours de Hegel n'a pas<br />

été édité sous forme de manuels et que ce sont des cahiers de notes prises par ses auditeurs qui font l'objet - y<br />

compris pour le philosophe parfois pour la reprise et le prolongement d'un enseignement - de référence. C'est un<br />

groupe d'amis qui tentera une publication exhaustive et c'est à Heinrich Gustav Hotho (1802-1873) que l'on doit<br />

celle du cours d'esthétique (Vorlesung über A.sthetik oder Philosophie des SchOnen und der Kunst, Berlin, 1833).<br />

C'est cette compilation qui fut traduite en français et reçue comme la parole hégélienne depuis. Cependant,<br />

comme l'exprime Alain Patrick Olivier dans sa présentation de G. WF. Hegel: Esthétique, Cahier de notes inédit<br />

de Victor Cousin (Paris, Vrin, 2005) qu'il a récemment découvert parmi les manuscrits de la Bibliothèque V.<br />

Cousin, on peut noter des nuances entre cette transcription et celle de Hotho.11 va sans dire que celles-ci ont de<br />

l'importance pour un spécialiste de l'auteur ou un historien de la philosophie. Cependant, il me semble que, même<br />

si les propos de l'édition de 1833 peuvent être critiqués à cet égard, on n'est pas plus sûr d'une plus grande fidélité<br />

du cahier redécouvert et, plus important à mon sens, c'est sur la base de l'ouvrage publié en 1833 que se sont<br />

construites les descendances ou les héritages de cette pensée. On peut d'ailleurs tenter d'en vérifier la cohérence<br />

en croisant ces propositions avec celles contenues dans d'autres ouvrages et traitant également de cette<br />

thématique.

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