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sollicitations dont la formulation et la diffusion sont, de leur côté, hautement progranunées. En cela<br />

aussi, on a « changé de monde» et cela implique que c'est la nature des « gens» et de leurs liens qui a<br />

changé. Pour ce qui concerne l'art, Danto déclare que nous sommes confrontés à sa fin, au sens d'une<br />

production spécifique, et il confirme ainsi d'une certaine manière la proposition hégélienne. Pourtant,<br />

même s'il invoque une autoréflexion de l'art et son accession à l'âge philosophique, il me paraît s'en<br />

éloigner de par le fait qu'il ignore une partie du message hégélien décrivant la pelte du caractère<br />

symbolique et collectif de l'art pour entrer dans l'espace de l'intime. Pour Danto, dans la situation<br />

365<br />

présente, n'importe quel objet peut désormais devenir une œuvre d'aIt. Il poserait à chacun la<br />

question: pourquoi suis-je une œuvre d'art alors que je pourrais ne pas l'être? On pourrait admettre<br />

que l'on est alors contraint et forcé d'entrer dans une relation purement individuelle à l'égard de cet<br />

objet. Mais en fait, c'est à tous qu'il pose la question et c'est le plus souvent au sein d'institutions,<br />

habilitées à la présentation d'œuvres d'art reconnues comme telles qu'il est présenté, accompagné par<br />

le discours d'acteurs confirmés du site de l'esthétique qui conservent le pouvoir de sa légitimation<br />

patierrunent construite. Appartenant à l'école analytique et américaine de la philosophie et récusant<br />

une approche esthétique, forcément dépassée à son point de vue, Danto préconise une étude descriptive<br />

de l'œuvre. Il s'oppose alors, ainsi que le montre brillamment Jean-Philippe Uzel, à une approche<br />

évaluative, par exemple portée par certains « continentaux» et parmi eux, Rainer Rochlitz (1946­<br />

2002). Sa réflexion, qui associe d'ailleurs intimement les influences liées à son origine allemande et<br />

son installation française, a eu son poids dans ce que j'appellerais la querelle de la crise de l'art<br />

contemporain qui s'est déroulée en France au début des années 1990. Pourtant sa posture a été<br />

différente de celle de nombre de ses confrères qui semblent s'être repus d'une belle polémique bien<br />

parisienne l152 . Il s'est opposé à l'approche goodmanienne qui est aussi celle de Danto au nom du<br />

principe que « un concept corrune celui d'œuvre d'art ne peut pas se voir associer un sens<br />

exclusivement descriptif, à moins de supposer que les œuvres sont des objets reconnaissables à leurs<br />

seuls caractères visibles, investis d'une valeur subjective et arbitraire ». Et c'est pour la même raison<br />

« qu'il s'est également opposé au pragmatisme rortyen ou au subjectivisme hédoniste de Gérard<br />

Genette et de Jean-Marie Schaeffer ». Jean Pierre Cometti nous montre alors bien où se situe le partage<br />

« entre la possibilité ou l'impossibilité d'attribuer aux œuvres d'art des caractères objectivement<br />

définissables et celle de les considérer corrune susceptibles de se voir accorder une valeur telle qu'elle<br />

1152 En 1991-1992, la revue Esprit, publie plusieurs dossiers sur les critères d'appréciations esthétiques de<br />

l'époque. De nombreux auteurs y pa11icipent et le débat dérive rapidement vers une dénonciation polémique qui<br />

trouve de l'écho dans des publications plus largement diffusées telles que «Télérama» par exemple. Les<br />

arguments sont violents et les formules relèvent souvent de l'anathème. Avec un peu de recul, on en vient à se<br />

demander si le microcosme parisien ne voulait pas se donner à nouveau les frissons de la querelle d'Hernani.<br />

Parmi ses acteurs, il y avait Jean Clair, directeur du musée Picasso, qui ne dénigrait pas alors d'employer l'insulte<br />

radicale des «n'importe quoi », «débilité» et autres « nullités» contemporaines tout en invoquant<br />

contradictoirement la figure référentielle et authentique de Marcel Duchamp dont il est un grand spécialiste.

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