26.06.2013 Views

IMG - Archipel - UQAM

IMG - Archipel - UQAM

IMG - Archipel - UQAM

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

son plein aboutissement quelques années plus tard dans le finale de la Troisième Symphonie qui<br />

reprend le thème du ballet montrant 1'humanité libérée et heureuse. Si le mythe appartient aux<br />

questionnements de l'époque, l'allusion politique est assez claire comme l'était celle qui guidait<br />

l'invocation de Bonaparte pour l'œuvre dont il débute la composition en 1802. C'est aussi l'année du<br />

Testament d'Heiligenstadt et le moment où Beethoven ressent qu'il est lui-même livré à un destin<br />

prométhéen. Cette Troisième Symphonie nous est maintenant connue comme l'Héroïque, conçue «pel'<br />

jesteggiare il sovvenire di un grand Varna» et il n'est pas interdit de se demander si ce n'est pas celui<br />

d'un Bonaparte dont la mémoire est oblitérée par celle de Napoléon. Mais si 1'Héroïque est<br />

révolutionnaire, c'est surtout d'un point de vue musical car tout concourt à la plus forte novation<br />

formelle. Cependant, l'évolution artistique qu'elle initie réside aussi dans le fait qu'avec elle la<br />

symphonie n'est plus seulement spectacle sonore; dorénavant elle peut célébrer un principe, une idée.<br />

«La marche funèbre de la Troisième symphonie de Beethoven célèbre la mOlt d'un personnage<br />

mythifié et la survivance du héros rendu sublime par la transfiguration esthétique. [... ] Beethoven a<br />

posé un questionnement artistique et esthétique qui a laissé une trace indélébile dans la tradition<br />

occidentale. Après lui, les compositeurs doués d'une conscience éthique sont appelés à prendre une<br />

position esthétique face aux misères et aux noblesses de l'humanité, transformant les misères en beauté<br />

et la beauté en "philia,,397 ».<br />

153<br />

La conclusion de Vinay mérite sûrement débat mais il est certain que c'est par les idées que<br />

Beethoven se rattache à un Zeitgeist où l'art et la création doivent assumer de plus en plus un<br />

questionnement sur le monde, la société et l'homme. En effet l'artiste et son œuvre, tout comme<br />

l'individu, voire le personnage, participent à et d'un contexte intellectuel et culturel. C'est lisible dans<br />

un tien supplémentaire qu'Élisabeth Brisson a bien mis en évidence: le Griechentum. On pourrait<br />

penser que cette "grécité" s'apparente à un effet de mode et il ne serait que de considérer les<br />

transparences des drapés à la grecque des nouvelles ka rés qui envahissent les jardins publics parisiens<br />

à la même époque pour s'en convaincre. Il est alors de bon ton de citer les textes d'Homère, Aristote,<br />

Euripide, Cicéron, Horace, Virgile, Ovide ou Tacite. Bien que sa connaissance des langues anciennes<br />

soit limitée, ils font partie donc partie des lectures du compositeur mais, comme le dit Élisabeth<br />

Brisson, les citations qu'il en extrait «sont utilisées comme des formules toutes faites et fonctionnent<br />

souvent comme des injonctions 398 ». Il ne faudrait pas s'en étonner outre mesure car il en va souvent<br />

des conversations et des références littéraires comme du costume. Pourtant, Laurent Feneyrou 399 , pour<br />

introduire son commentaire de cette étude, cite un passage d'une lettre que Beethoven écrit à Franz<br />

397 Gianfranco Vinay, « Esthétique et politique », Cité musiques, n 0 47, janvier-mars 2005, p.18-19.<br />

398 Élisabeth Brisson, Le Sacre du musicien, la référence à l'Antiquité chez Beethoven, Paris, CNRS, 2000, p.62.<br />

399 Laurent Feneyrou, « Beethoven et Je Griechentum », loc. cit.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!