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IMG - Archipel - UQAM

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mais les multiples embranchements de la construction d'une famille de mots qui résonnent les uns avee<br />

les autres et dont les sens, proches, peuvent brouiller leur compréhension.<br />

À l'intérieur de la conception ontologique générale [...] qui comprend l'univers du vivant tout<br />

entier comme le produit d'un procès d'ontogénèse dans lequel, tout au cours de « l'évolution »,<br />

l'activité subjective (perceptive, motrice) des êtres vivants singuliers a été impliquée<br />

« créativement », la catégorie de « l'artificiel» ne peut plus être opposée de manière absolue à<br />

celle du «naturel ». Le propre de «l'art» humain, c'est-à-dire de la capacité humaine<br />

productive, créatrice de formes, tient alors exclusivement à la médiation symbolique qui y<br />

intervient. 60<br />

Ce que l'on pourrait donc appeler la nature de l'art demeure, tout en capitalisant les alluvions<br />

des réflexions successives. Elle nous questionne sur son effet tout autant que sur ses origines. «La<br />

conscience esthétique compolie une réflexion sur la forme ou un réfléchissement de la forme sensible<br />

en tant qu'elle résulte de la "libre" activité du sujet, de sa capacité créatrice propre face à la nature 61 ».<br />

Il me semble donc que ce n'est qu'ensuite, comme une résultante des deux premiers, que vient le<br />

questionnement de la forme propre en tant que produit de l'art; produit tout aussi bien de l'activité du<br />

créateur que de l'existence même du concept d'art. Le mot esthétique a également évolué et pour<br />

rendre compte de son acception première, on est maintenant obligé de former une expression en lui<br />

adjoignant l'idée de consciencc. Cette signification première ne concerne pas que l'ali. Ce rapport<br />

sensible repose à l'évidence sur la conscience que nous pouvons en avoir et qui, si elle est directe,<br />

n'est pas immédiate et résulte d'un processus. Toutefois, tel que nous le vivons actuellement, celui-ci<br />

pourrait se traduire par un détachement progressif et historiquement construit. Cette appréhension<br />

sensible de la forme, qu'elle soit « naturelle» ou « artificielle », est un universel anthropologique. On<br />

ne peut donc douter que les œuvres de l'antiquité, pour ainsi dire récupérées maintenant dans le<br />

concept moderne de l'art, étaient déjà appréhendées comme formes dans l'expérience culturelle ayant<br />

présidé à leur production. Cependant, pour les sociétés pré-modernes, la conscience esthétique « n y<br />

était pas détachée de la dimension cognitive et de la dimension normative. [...] Toute forme, dans sa<br />

particularité et sa contingence "générique", est en effet en même temps une réalité effective ou positive<br />

(un "donné"), une idéalité normative (la fin visée par une volonté, s'agirait-il même d'une "quasi­<br />

volonté" impersonnelle), et l'objet d'une appréciation qui en saisit immédiatement, cognitivement,<br />

objectivement ou positivement, l'irréductible particularité synthétique 62 » ainsi que l'adéquation avec<br />

un modèle - celui correspondant par exemple au genre, s'agissant de l'être vivant. Et cette synthèse<br />

se rapporte à l'unité ontologique de l'être qui s'exprime dans ce kalos k'agatos que Platon utilise à son<br />

60 Ibid, p.69.<br />

61 Ibid., p.71.<br />

62 Ibid., p.72-73.<br />

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