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IMG - Archipel - UQAM

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projet implicite de la démonstration de Nizan est de revendiquer toute leur place pour des travaux,<br />

comme ceux de Marx, intellectuellement dévalués pour avoir commis le péché de ne pas assez<br />

s'abstraire des enjeux de leur temps. Elle exprime aussi le fait que, même s'en défendant, les auteurs<br />

ne sont pas détachés des contingences de leur époque et de leur vie, bien au contraire peut-être. Il y a<br />

pOllltant des limites à l'exploitation privilégiée de cette perspective. Que nous importe au fond que<br />

Michel Onfral ll nous fasse l'inventaire de la radinerie et de la malignité de l'honune Schopenhauer<br />

pour comprendre la dimension contemplative et consolatrice de l'esthétique du philosophe? On<br />

s'abaisse parfois à trop combattre le surplomb; d'ailleurs Hegel, et Goethe avant lui, ne nous avaient­<br />

ils pas dit qu'il n'y a pas de grands hommes pour leurs valets de chambre? Non, c'est une tout autre<br />

discrimination qui permettrait de vraiment mettre en situation ces pensées. Elles résonnent aussi bien<br />

des clameurs que des bruissements de leurs milieux et de leurs temps mais aussi de ceux de leur<br />

réception qui sauraient parfois nous interdire la fréquentation d'une pensée au motif qu'elle a pu servir<br />

de noirs desseins. De plus, l'interrogation portée par ce travail, même si elle concerne le présent,<br />

repose pour une large part sur une approche socio-historique. Si tant est que cela soit possible, il faut<br />

188<br />

reconnaître les limites de notre propre subjectivité, de notre situation, de notre projet, pour espérer<br />

faire un honnête travail de commentateur ex post. Rien ne sert d'ailleurs de trop les rechercher nous­<br />

mêmes, elles nous échappent toujours en partie et d'autres se chargeront bien de les identifier si<br />

nécessaire. Cela m'amène pourtant à questionner la légitimité d'une proposition de restitution, non pas<br />

seulement d'une œuvre mais d'un parcours dessiné par l'accumulation de multiples œuvres, elles­<br />

mêmes multiples. «A côté de l'intérêt de l'historien de la lecture pour la relation « réelle» entre<br />

contexte et interprétation, se pose ainsi la question de la nécessité ou de l'utilité pour l'interprète des<br />

œuvres d'une objectivation des lectures. Engagé, s'il se fait historien de sa discipline, dans une<br />

autoréflexion sur les conditions de sa pratique, l'interprète est en effet amené lui aussi à prendre<br />

position sur le lien systématique qu'il est en droit d'établir entre histoire et critique des interprétations<br />

et sa propre interprétation. (...] En décidant de ce qui peut faire sens, et donc relève de sa science,<br />

l'interprète définit, implicitement ou explicitement, son propre rapport à l'histoire, et, par là, quelle<br />

relation historique le rattache à son objet, et donc à l'histoire des interprétations 512 ». Oui, il s'agit bien<br />

de se mouiller, au sens trivial du français contemporain, pour tenter de suivre le cours de la pensée<br />

esthétique allemande du XlX e siècle. C'est un flot, il est unique puisqu'il semblerait que l'on puisse<br />

identifier sa source mais ses nombreux affluents portent souvent la mémoire de temps anciens, et ses<br />

511 Michel Onfray, « Bouddha, le chien et la flûte », Magazine Lilléraire, 0°328, janvier 1995.<br />

512 PielTe Judet de la Combe, « Sur la relation entre interprétation et histoire des interprétations », Revue<br />

Germanique Internationale, n08, Paris, PUF, 1997, p.9-1 O.

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