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IMG - Archipel - UQAM

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Pourtant les révolutions esthétiques qui se succèderont se lisent, avec le recul, comme autant de<br />

remises en cause, donc de débats et de continuités avec le questionnement même de l'art. C'est la<br />

raison pour laquelle je proposerai alors de lire ces évolutions comme étant marquées par l'idée d'une<br />

novation qui indiquerait que le contrat se poursuit encore, tout en se renouvelant, entre le concept<br />

moderne de l'art et l'artiste mais aussi les différents acteurs du champ qui se construit. Par ailleurs,<br />

l'époque restant ouverte aux grands récits et fière de ses idéologies, on constatera que le concept<br />

d'avant-garde artistique a une source politique et qu'elle se présente comme l'anticipation d'un âge<br />

d'or qui n'est donc plus passé mais à venir. Ainsi, c'est l'art qui se met au service du politique dans un<br />

processus particulier, légitime, mais qui remet en cause une définition idéalisée de l'artiste sous la<br />

figure unique du révolté. Les recherches diverses de l'avant-garde portent donc d'abord le sceau du<br />

progressisme mais l'évidence d'un tel lien sera elle-même combattue par l'exigence égotiste propre à<br />

l'art pour l'art. On assistera ainsi à une dépolitisation de la notion d'avant-garde avec une application<br />

révolutionnaire toute concentrée sur la forme et cela dans toutes les disciplines artistiques pleinement<br />

émancipées. Au questionnement de l'art pour l'art, correspond évidemment une action. Elle n'est pas<br />

ou plus directement politique: Mallarmé, figure emblématique du poète d'avant-garde, parle<br />

d'« action restreinte ». Au même moment, en peinture particulièrement, c'est de l' « espace plastique»<br />

de la modernité, selon l'expression de Francastel, que l'on sort. Mais on ne manquera pas de noter que<br />

celui-ci: la perspective, était plus largement un espace de représentation unifié qui s'ouvrait, tant dans<br />

sa définition que dans ses modalités et ses effets, bien au-delà du seul champ des arts plastiques. Si<br />

donc on sortait d'un espace, était-ce pour rentrer dans un autre et qui serait encore définissable par des<br />

coordonnées propres? C'est la proposition de Francastel et il l'accompagne d'un avertissement. La<br />

perspective s'étant élaborée lentement pour atteindre la forme synthétique que nous lui connaissons, un<br />

délai comparable est à prévoir pour l'élaboration d'un nouveau principe. On est alors obligé de<br />

s'interroger sur la possibilité même de la substitution d'un espace de la représentation par un autre qui<br />

resterait un espace commun. On pourrait se forger une réponse en envisageant que la fragmentation<br />

succède à la concentration de la perspective et anticipe la proposition cybernétique ainsi que sa<br />

diffusion sur les bases d'un double constat d'échec potentiel de ['humanisme à l'issue de la Seconde<br />

Guerre mondiale. Mais cette réponse n'est-elle pas d'une certaine façon une réponse négative apportée<br />

à la question car cette fragmentation n'est-elle pas, principiellement, une remise en cause de la<br />

représentation elle-même au profit de l'immédiate opérativité? Cette mutation accompagnera<br />

également les évolutions disciplinaires provoquées par une prégnance technologique de plus en plus<br />

forte qui permettra l'épanouissement des industries culturelles. Dès l'origine, s'intégrant aussi dans un<br />

débat sur 1'œuvre d'art total, elles provoqueront de nombreux questionnements sur la perte de distance<br />

de l'art et l'aliénation nouvelle qu'elle entraînerait.<br />

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