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IMG - Archipel - UQAM

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supplémentaire pour déconsidérer la forme aux yeux des gardiens d'un temple progressivement<br />

construit sur le principe essentiel du caractère désintéressé de l'art. Je ne ferai pas de procès d'intention<br />

à cet auteur qui veut défendre une approche progressiste. Toutefois, je pense qu'elle est oublieuse des<br />

383<br />

engagcmcnts dcs prcmièrcs avant-gardes, et notammcnt avant qu'ils soient délégitimés avcc la<br />

collaboration d'une certaine intelligentsia américaine et pour des raisons bien différentes de celles<br />

d'Adorno. Par ailleurs sa démonstration me semble marquée par une conception anglo-saxonnne de la<br />

société, inclusive et multiculturelle, qui l'incite à la défense des intérêts d'une minorité discriminée.<br />

Cette proposition de lecture me semble notamment confirmée par le fait qu'il valorise le métissage<br />

culturel à l'origine de telles expressions et qui expliquerait à nouveau les réserves des puristes. Une<br />

fois encore, on peut se trouver en accord avec le constat final et pourtant ne pas adhérer totalement à<br />

une partie de l'analyse qui nous laisse entendre que ces métissages sont fondamentalement nouveaux.<br />

L'histoire des musiques légères occidentales montre à l'évidence la fertilité des rencontres culturelles<br />

et depuis longtemps: le jazz dénoncé par Adorno en était déjà la preuve. Mais ce constat n'est pas<br />

suffisant car il faut prendre en considération le fait qu'en Afrique même, les musiques non<br />

traditionnelles sont influencées par le fait que « dans les villes [... ], des Africains venus de diverses<br />

régions se sont rencontrés, se sont mêlés et ont fusionné des éléments de leurs bagages culturels avec<br />

ce qu'ils pouvaient grappiller des cultures européennes ou américaines J202 )). Ce qui paraît souvent<br />

comme un élément « authentique» intégrant le processus du métissage culturel contemporain s'avère<br />

donc déjà métissé. La cause la plus évidente tient bien sûr aux effets directs de la colonisation et de la<br />

présence occidentale. Elles sont cependant loin d'être seules à agir et il est curieux de noter les va-et­<br />

vient qui agiront réciproquement sur les musiques africaines, afro-caribéennes ou afro-américaines, et<br />

la liste n'est d'ailleurs pas close. Évoquant l'histoire de la musique urbaine d'Afrique subsaharienne<br />

depuis 1935, Jan Vansina confirme cette lecture en mettant aussi en valeur les influences<br />

interafricaines J203 . Si Vansina évoque les styles musicaux de cette époque, c'est de l'émergence d'une<br />

« nouvelle étiquette commerciale musiques du monde» que l'on parle maintenant. Pour Bennetta<br />

Jules-Rosette et Denis C. Martin, elle « démontre à quel point les produits de la culture populaire sont<br />

aujourd 'hui transformés en marchandise, mais étale également au grand jour le potentiel (économique,<br />

1202 Benetta Jules-Rosette, Denis Constant Martin, « Cultures populaires, identités et politique », Les Cahiers du<br />

CERI, n 0 17, 1997, p.17.<br />

1203 Il précise par exemple que « Accra était, avant 1940, l'épicentre d'une tradition musicale incarnée par de<br />

grands orchestres comme l'Excelsior ou l'Opéra rythmique d'Accra qui se produisaient sur toute la côte ouest. Le<br />

highlife a connu son apogée dans les années 50, puis est peu à peu passé de mode dans les années 60 tant au<br />

Nigéria qu'en Sierra Leone, où un genre de musique plus latino-américain, inspiré aussi par la musique zaïroise, a<br />

pris le relais. Le highlife avait absorbé beaucoup d'éléments du jazz, en particulier dans les orchestres ordinaires<br />

d'instruments à vent et de cuivres. Il avait aussi des aspects afro-calypso et reggae, s'appuyant sur la guitare et<br />

d'inspiration caraïbe ». Jan Vansina, « Les arts et la société depuis 1935 », His/oire générale de l'Afrique, vol.8,<br />

chap.20, projet porté par l'UNESCO, texte disponible sur: http://www.unesco.orgfculture/africa.

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