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IMG - Archipel - UQAM

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convoitise d'un public qui, l'acceptant, participe à son aliénation systémique post-moderne. La<br />

dématérialisation de l'œuvre est l'objectif affiché de la proposition théorique de SchOffer et elle est<br />

déjà présente dans l'idée de ces «anamorphoses non prédéterminées, purement optiques ou<br />

temporelles, ou les deux à la fois! 130 ». Par là, et en revendiquant le rôle privilégié de l'électronique,<br />

SchOffer n'anticipe-t-il pas ces technimages qui intéressent de nos jours Anne Cauquelin ? L'artiste<br />

devenant programmeur n'induit-il pas qu'il faille envisager dorénavant la confusion de ces fonctions et<br />

Je fait qu'il n'y ait plus rien dans cela qui réponde encore un tant soit peu clairement au concept de<br />

l'art? La conclusion de SchOffer me paraît illustrer et même revendiquer ce démembrement. La vision<br />

qu'exprime le «créateur de création» pourrait s'apparenter à la dystopie mais son «expansIOn<br />

humaine» n'est aucunement dénonciatrice comme le Brave New World de Huxley.<br />

357<br />

Là où il y a technique, il doit y avoir esthétique et réciproquement. Sur le plan technique,<br />

l'électronique s'infiltre déjà à différents échelons, mais il faut aller plus loin. Des systèmes<br />

cybernétiques prévisionnels doivent intervenir partout où ils se révèleront nécessaires, comme<br />

par exemple dans l'organisation des rapports de densité des secteurs territoriaux (densité aussi<br />

bien horizontale que verticale). L'administration et l'expansion de chaque secteur pourront être<br />

organisées, développées, contrôlées électroniquement, de même que les c0lTU11unications, les<br />

déplacements individuels et collectifs, et enfin - surtout - Je conditionnement de l' homme.<br />

C'est ici que l'art et la technique se rencontrent. En effet, la large diffusion des produits<br />

artistiques doit s'imbriquer dans la diffusion des autres produits de consommation!!3!.<br />

Ce qui se révèle ainsi, c'est que si l'œuvre se veut ouverte, elle ne s'adresse pas à la libre et<br />

responsable participation du spectateur. Cela pourrait même aboutir au contraire et ce que j'appelle<br />

cette entrée dans l'œuvre peut prendre la figure de l'engloutissement par un total conditionnement sans<br />

qu'aucune distance soit possible. Elle est de plus contradictoire car la dimension participative me<br />

semble requérir une information, un enseignement ou une réflexion préalables pour se conformer à la<br />

règle du jeu proposé mais aussi et surtout pour la comprendre. On peut alors faire un lien avec la<br />

démonstration de Anne Cauquelin révélant toute la difficulté de saisie d'œuvres dont on pourrait<br />

penser qu'elles correspondent à ces définitions. Utilisant maintenant brillamment ces teclmologies<br />

auxquelles nous sommes confrontés depuis les anticipations de SchOffer, elles nous apportent la<br />

déception de ne pas entrer dans nos codes de reconnaissance. Dans sa dématérialisation, sa<br />

numérisation et son interactivité, l'œuvre est toujours concentrée sur elle-même, tout comme l'artiste<br />

sur sa création, mais de plus en plus ouverte et elle est ainsi pleinement conforme à la théorie des<br />

systèmes luhrnanniens qui postule qu'ils sont à la fois ouverts et fermés. Elle n'est plus d'aIt au sens de<br />

la doxa esthétique mais elle demeure un objet qui nous confronte et dérange nos certitudes. On peut<br />

donc penser que si ces objets nous dérangent, c'est qu'ils existent pour nous, en tant que tels. Ce<br />

1130 Nicolas Schoffer, Le nouvel esprit artistique, op. cit., p.119.<br />

1131 Ibid., p.185-186.

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