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IMG - Archipel - UQAM

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tendance de rationalisation gestionnaire et planificatrice qui touche toutes les administrations. Dans cet<br />

esprit, c'est le sociologue Augustin Girard que l'on charge de fonder en 1962 ce qui deviendra le<br />

service des études et de la prospective, dans le but de fournir des données actualisées sur la<br />

fréquentation des institutions et les pratiques culturelles en vue de l'évaluation des politiques. Je<br />

n'aurai pas l'espace pour suivre précisément les débats qui vont éclore ensuite autour de ce ministère<br />

et de sa politique. Je note pOUitimt qu'ils sont campés dès le départ et tiennent principalement à la<br />

conception de la démocratisation de l'accès à la culture et de ses modalités. Je ne peux m'empêcher de<br />

penser que l'oubli programmé de l'éducation populaire et de ses expériences est très dommageable. Je<br />

relève aussi l'impact de la spécialisation des intervenants et de l'effort de professionnalisation des<br />

différents animateurs de la vie culturelle et associative qui fut porté par l'arrivée de la gauche au<br />

pouvoir en 1981. S'ils ont contribué à affirmer l'identité professionnelle d'un champ culturel, ils ont<br />

aussi confirmé son entrée dans un système organisationnel qui dépasse les enjeux proprement publics<br />

et politiques liés à l'art et sa diffusion. Du côté du «privé», la restructuration et l'organisation du<br />

marché de l'art fait entrer celui-ci - y compris sa définition - dans la nouvelle réalité<br />

organisationnelle, opérationnelle d'un système de gestion et de contrôles par réseaux qui se globalise­<br />

désormais sous l'égide de New York et de Londres et non plus de Paris. Par l'autre côté, l'intervention<br />

de l'État « social-démocratique» ou réformiste, qui vise d'abord à la démocratisation de l'art, avant de<br />

se reconvertir dans la promotion des industries culturelles de l'ère néolibérale, conduit à la même<br />

conséquence. On assiste en effet à une intégration de l'ait dans différents appareils gestionnaires de la<br />

«culture» qui ne sont plus des institutions mais des organisations, qu'elles soient publiques ou<br />

privées. À la différence de son intégration proprement institutionnelle 1004 , tout ce mouvement coïncide<br />

donc d'abord avec la constitution moderne de l'art, puis avec ce qui est à l'œuvre dans le moment de<br />

sa dissolution présente. Sous la nouvelle forme d'une intégration directe dans un système gestionnaire<br />

de mode organisationnel et opérationnel, c'est au changement de la forme et du mode de l'assise<br />

sociale de l'art que l'on assiste. Cela vaut en même temps comme changement de statut social et<br />

comme changement de nature épistémique et c'est cette double mutation qui s'exprime dans<br />

l'engloutissement de l'art dans la galaxie culturelle.<br />

321<br />

Le partage, dans les langues les plus utilisées pour les échanges et que l'on pourrait aussi<br />

qualifier de dominantes, d'un terme «commun» tel que celui de culture, et au-delà des nuances<br />

orthographiques, semble à première vue un avantage. On lui reconnaît souvent de plus le mérite d'être<br />

1004 Par exemple à l'époque des Lumières, avec les académies, les musées publics et toute la mise en scène<br />

officielle des Beaux-arts en tant qu'élément essentiel de la légitimation des nouveaux pouvoirs d'État - une chose<br />

qui passera intacte de la royauté à la république. Tous ces éléments et toutes ces dimensions qui participent<br />

intensément à la constitution du statut institutionnel essentiel des arts comme un élément majeur de la vie publique<br />

et de la formation de l'identité collective nationale.

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