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Wegeler le 29 juin 1801 : « Plutarque m'a conduit à la résignation. Pourtant, s'il est possible, je veux<br />

braver mon Destin ». L'analyse pourrait s'arrêter à une approche assez superficielle mais on sent dans<br />

cette phrase une double intensité qui me paraît, au moins partiellement, contradictoire. Elle actualise<br />

encore la lecture du Testament d'Heilingenstadt et pourrait sembler exacerber une vision héroïque: le<br />

destin qu'il évoque ne pouvant être que le service de son art, quelles que soient les douleurs de<br />

l'homme. Toute l'œuvre qui s'ensuit mérite bien cette dimension apologétique mais, une fois encore,<br />

l'artiste est un homme de son temps et en subit les influences, croisées pourrait-on ajouter. On évoque<br />

alors bien entendu celle du romain Metastasio (1698-1782), poète de la cour impériale de 1729 à sa<br />

mort. Comme le notent nos historiens de la musique, il apporte à Vienne sa vision de l'Antiquité qui se<br />

traduit en un « code de valeurs lié à une société de cour et lieu d'expression des passions humaines,<br />

tout autant que lieu d'élaboration des valeurs nouvelles 4oo ». À celles-ci réfère l'image du bon prince et<br />

de son action marquée par la tempérance, la paix, la justice, l'abondance, la protection des sciences et<br />

des arts. Elles s'expriment dans la formalisation d'un nouveau genre musical, l'opera seria dont<br />

Metastasio définit les fondements. Par ce que l'on appelle le plus souvent un programme de<br />

purification, il aboutit principalement à la séparation des genres tragique et comique, à la<br />

simplification et à la moralisation des intrigues ainsi qu'à une codification de la dramaturgie qui<br />

oriente la conception et l'articulation des tableaux. Il fallait bannir le merveilleux au profIt d'un thème<br />

moral avec ce fieto fine, principe qui voulait une fin heureuse traduisant le triomphe de la raison sur les<br />

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passions dans un monde où des princes éclairés conduisent les peuples vers le bonheur universel. Cette<br />

vision idyllique, arcadienne dirons-nous, laisse transparaître toute la place laissée au livret qui devient<br />

une œuvre littéraire majeure de l'époque. Cependant, si le programme des opera seria se poursuit au<br />

long du XIX e siècle, on pourrait dire qu'il est déjà mis en cause par Mozart dont on connaît pourtant<br />

tout l'intérêt pour les thèmes et les livrets de ses œuvres. Il fit bien sûr, comme d'autres à même<br />

époque, de La clémence de Titus, écrite par Metastasio en 1734, son dernier opéra 4o' mais on connaît<br />

aussi son goût pour la farce et l'opéra bouffe. Il l'avait prouvé neuf ans plus tôt avec L'enlèvement au<br />

sérail, Singspiel où se mélangent les rôles parlés et chantés en allemand et où règnent la turquerie et le<br />

merveilleux. Cela se passait dans un théâtre dont le nom avait été changé par Joseph Il en 1776. À<br />

l'exemple de Hambourg, le Burgtheater de Vienne était devenu le Nationaltheater en suivant<br />

l'inspiration de G.E. Lessing (1729-1781) dont Madame de Staël, chantre des débuts du romantisme<br />

allemand, analyse l'importance dans son ouvrage si longtemps refusé en France.<br />

400 Élisabeth Brisson, Le Sacre du musicien, la référence à l'Antiquité chez Beethoven, op cit., p.73.<br />

401 La première eu lieu au Théâtre National de Prague, le 6 septembre 1791, à l'occasion des fêtes du<br />

couronnement de Léopold II en tant que roi de Bohême. Si l'œuvre s'inscrit bien dans la lignée de l'opera seria,<br />

goût impérial oblige, le livret d'origine est fortement remanié.

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