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eprésentation, est suspension, contemplation. Par ce biais, cependant, ce n'est pas seulement le<br />

jugement esthétique qui est fondé, statué, cerné dans ses limites et ses fonctions, c'est aussi l'œuvre<br />

qui reçoit des injonctions 308 ». Il y a en effet comme une perfidie dans cette démonstration qui se laisse<br />

récupérer et trahir d'une certaine façon. Pourtant, cette récupération traduit une avidité du public,<br />

même celui des spécialistes qui seront de plus en plus nombreux, pour obtenir des réponses à leurs<br />

questions et des références théoriques leur permettant d'asseoir un jugement dont on peut penser qu'il<br />

est, par principe, tout autre que purement contemplatif comme devrait l'être un jugement de goût. Ces<br />

réappropriations fautives sont donc bien l'effet d'une « vulgate» comme dit Anne Cauquelin mais<br />

l'érosion liée à la vulgarisation commence all moment où la théorie quitte le champ proprement<br />

philosophique. Car il est alors facile d'oublier qu'elle se situe dans lin œuvre et une démonstration.<br />

L'articulation même de sa troisième critique est significative, tant par rapport aux deux premières<br />

comme on l'a déjà vu mais aussi parce qu'elle présente la question de l'art comme un appendice d'une<br />

réflexion plus générale sur la beauté. Elle concerne en effet d'abord celle de la nature que le<br />

philosophe constate et que sa théorie de la connaissance est insuffisante à prouver.<br />

122<br />

La théorie kantienne suppose une rencontre: elle est néc.essaire, indispensable même. L'objet<br />

en tant que forme, indépendamment du jugement que l'esprit porte sur lui n'est pas beau mais,<br />

réciproquement, l'esprit, sans le support de cet objet ne trouve pas la beauté qui permet de satisfaire au<br />

jugement de goût. La beauté est donc le résultat de la rencontre entre J'objet et l'esprit: elle ne peut ni<br />

être imposée par le premier, ni décrétée par le second sous la forme d'lin quelconque principe. Cette<br />

rencontre libre et désintéressée liée à la contemplation esthétique s'applique d'abord aux choses de la<br />

nature dont elle révèle la beauté. Pourtant, ce n'est pas un produire puisque l'objet existait avant qu'un<br />

regard ne se pose sur lui. Il faut alors accepter à nouveau un « comme si » car, même si on parle d'un<br />

art de la nature, en toute logique comme dit Kant, il devrait relever d'une « production qui fait<br />

intervenir la liberté 309 ». Il précise alors que l'on «distinguera l'art de la nature, comme un faire<br />

(jacere) est distingué de l'agir ou de l'effectuer en général (agere), et les productions ou les résultats<br />

de l'art, considérés en tant qu'œuvre (opus), seront distincts des produits de la nature, considérés en<br />

tant qu'effet (effectus) 3 JO ». Par conséquence, l'idée de beauté s'applique aussi aux œuvres de l'homme<br />

et si « une beauté naturelle est une belle chose; la beauté artistique est la belle représentation d'une<br />

chose 311 ». Encore faut-il, à l'inverse, identifier quelles sont les conditions pour que nous soyons ou<br />

que nous sachions que nous sommes réellement confrontés à une œuvre d'art. Le premier critère<br />

J08 Tbid., p. 54.<br />

J09 Emmanuel Kant, Critique de lafaculté de juger, op. cit., §43, p.256.<br />

310 Idem.<br />

JII Ibid., p.266.

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